Voyage orchestral au fil du temps 

par

Werden. Ludwig van Beethoven (1778-1926) : Ouverture de Die Weihe des Hauses, Op.124 ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) :  Symphonie n°39 en mi bémol majeur, KV 543 & Maurerische Trauermusik, K.477  ; Andrea Taddori (né en 1981) : Fragments of Enlightenment.  Musikkollegium Winterthur, Roberto González-Monjas. 2023. Livret en allemand et anglais. 55’21’’. Cleves. 50-3076.

 

Roberto González-Monjas est l’une des baguettes que le milieu musical s’arrache : directeur musical désigné de l’Orchestre de Galicie en Espagne et du célèbre Mozarteum Orchester de Salzbourg, il assure la conduite, depuis la saison 2021/2022, du Musikkollegium Winterthur tout en étant associé au Dalasinfoniettan et au Belgian National Orchestra. 

Il se présente ici au pupitre de l’excellent Musikkollegium Winterthur pour cet album qui confronte les styles et les temps, première étape d’un triptyque d’enregistrements autour des trois dernières symphonies de Mozart. 

Ce volume prend le titre du verbe “devenir” dans sa traduction allemande ‘Werden” et il s'articule autour de la Symphonie n°39 de Mozart qui est le plat de résistance de cet album. Roberto González-Monjas en livre une interprétation racée et équilibrée qui, si elle est vive, n’est jamais précipitée ou démonstrative. La musique s’écoule avec énergie et sens du dialogue entre les pupitres. Cette œuvre magistrale de Mozart se prolonge avec les Fragments of Enlightenment de la compositrice suédoise Andrea Tarrodi qui poursuit le geste de la symphonie en en citant des extraits. L’oeuvre est finement orchestrée et propose des climats tel un miroir du temps à la fois élastique, instropectif et méditatif. La partition est une commande du  Musikkollegium Winterthur et de Roberto González-Monjas qui en gravent la première au disque.  

L’album s'ouvre avec une lecture dynamique et à l’enthousiasme communicatif de Die Weihe des Hauses de Beethoven dont le chef se plaît à gommer la pompe au profit d’une lecture engagée et riche en contrastes. La conclusion revient aux tons sombres de la Maurerische Trauermusik de Mozart dans une lecture qui allie lisibilité et émotion. 

Dès lors, ce disque est une belle carte de visite pour l’orchestre suisse et son chef. L’orchestre fait preuve d’une grande capacité d’adaptation et présente une belle dynamique d’ensemble alors que Roberto González-Monjas impose sa personnalité musicale à travers ces œuvres et ce concept éditorial. Certes la discographie est bardée de références, tant dans les pièces de Mozart que l’Ouverture de Beethoven, mais cet album, très bien enregistré, présente une logique d’ensemble et une hauteur de vue intéressantes. 

Son : 10   Notice : 8  Répertoire : 10 Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot

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