20 ème Anniversaire des « Journées Ravel » à Montfort L'Amaury

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On le sait, Maurice Ravel aimait le travail bien fait et détestait l’esbroufe. Aussi, il y a vingt ans, à l'idée ambitieuse d'un « festival », les fondateurs préférèrent celle de « Journées » : elles sont réparties sur deux fins de semaine en octobre, à travers la ville de Montfort L'Amaury. Option adaptée aux moyens et surtout à la configuration des lieux. C'est, qu'en effet, cette petite ville miraculeusement préservée des destructions guerrières et, juste assez loin de Paris pour avoir échappé à la fièvre immobilière et au mitage banlieusard, constitue en elle-même un trésor de poésie, blotti derrière de hauts murs médiévaux. La villa du « Belvédère », acquise en 1921 par l'auteur de L'enfant et les sortilèges, la domine de son bienveillant mystère. Sa vestale, Madame Moreau ne se contente pas de veiller amoureusement sur ce minuscule dédale, intact, émouvant, tous les menus objets disposés comme pour le retour de l'enchanteur. Elle initie son groupe de 6 visiteurs -pas plus- à une approche authentiquement ravélienne, mettant son point d'honneur à charmer les plus lointains étrangers, les bébés effarouchés (fascination magique des petits automates chers à Ravel!) et même les adolescents rétifs qui repartent souriants ! Il ne reste plus au converti ravélophile qu'à rejoindre les « Amis de Maurice Ravel » association animée par l’infatigable Manuel Cornejo.http://boleravel.blogspot.fr/
Revenons aux « Journées » : les concerts ponctuels se répartissent au fil d'une déambulation dans les lieux les plus variés ouverts aux « Prom'S » à l'issue de laquelle jeunes artistes, promeneurs, édiles et organisateurs se retrouvent autour d'un buffet. L'Hôtel Péteau de Maulette, la Maison des Poulies, La Minotte, l’Atelier, l' Ancien Hôtel des voyageurs, la Maison Triantafyll, l'Église St-Éloi des Mesnul, l'Église Saint-Pierre, le Château des Mesnuls, le Château de Groussay... autant d'endroits pittoresques où les programme variés s'articulent autour des principales œuvres de Ravel. Cette année, on a pu y entendre notamment le quatuor Van Kuijk ou le trio Médici, lauréat de l'Académie Ravel de Saint Jean de Luz.
Le 10 octobre, c'est au tout proche Château de Neuville à Gambais, que se retrouvaient les artistes qui ont marqué ces vingt dernières années des « Journées », depuis les jeunes violonistes Keisuke Tsushima et Alexandre Pascal, le pianiste François Dumont, lauréat du Prix Reine Élisabeth et formidable interprète d'une intégrale des œuvres de Maurice Ravel pour piano (piano classics 2012), le Trio Élégiaque, aux confirmés Olivier Charlier, Philippe Bianconi, Guillemette Laurens, Régis Pasquier ou encore Anne Queffélec.
La présidente des « Journées Maurice Ravel », Annick de Besteigui, passe ainsi en beauté le relais à Chantal Guerlain, par ailleurs adjointe à la culture ce qui devrait faciliter sa mission.
Ce moment avait été précédé d'une « conversation » entre Marcel Marnat et Christophe Paradas : la verve et les anecdotes du biographe français de Ravel (Comment il découvrit dans un coffre helvétique le brouillon raturé et « vertement » commenté de Daphnis !) pimentaient agréablement le discours prudent de son interlocuteur psychanalyste.
La conclusion appartenait au Sirba Octet. Mais quelle idée de finir le concert avec « Kaddish » exécuté au violon alors qu'il fut composé pour voix de femme et que la mezzo Guillemette Laurens, présente, aurait si musicalement interprétée, et puis... c'est une prière funèbre !
Le lendemain : récital Ravel /Moussorgski par la pianiste Valentina Igoshina, elle aussi lauréate du Concours Reine Élisabeth de Belgique.
Longue vie aux « Journées Ravel » !
Bénédicte Palaux Simonnet
Pour visiter « Le Belvédère », réserver auprès de l'Office de Tourisme de Montfort l'Amaury 01 34 86 96 10

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