Johan Botha, pour le grand bonheur de l'amateur de voix

par
Botha

Johan BOTHA : airs et scènes extraits de Fidelio, Tannhäuser, Lohengrin, Meistersinger, Parsifal, Die Frau ohne Schatten, Daphne et Ariadne auf Naxos
Solistes et chefs divers - Orchester der Wiener Staatsoper
2017-Live-DDD-72' 55''-Notice en allemand et en anglais-chanté en allemand-Orfeo C 906 171 B

Les récitals sont très à la mode, maintenant, et chaque chanteur/chanteuse en publie, pour le plus grand bonheur de l'amateur de voix.  Collègue de la fine fleur du chant contemporain, des Osborn, Damrau, Spyres ou El-Khoury, hélas, Johan Botha a succombé à la maladie - il n'avait que 51 ans. Né en 1964, le ténor sud-africain s'était révélé comme l'un des "Heldentenor" les plus prometteurs de notre époque. Consécration suprème, il est nommé Kammersänger en 2013. Sa voix puissante lui permettait d'aborder Radamès ou Calaf, mais il était surtout à l'aise dans le répertoire germanique, comme le prouve d'emblée  le grand air de Florestan emprisonné,  dirigé par Ozawa en 2004. Le long extrait de Tannhäuser (avec Christian Gerhaher) démontre son art de détails des récitatifs. La pureté de son timbre éclate à nouveau dans le duo Atmest du nicht de Lohengrin, avec Cheryl Studer (1997), puis dans le célèbre chant de concours des Meistersinger von Nürnberg (2012). La partie wagnérienne du récital se clôt sur le duo entre Parsifal et Kundry (Angela Denoke), et l'exclamation fameuse "Amfortas ! Die Wunde !" (2004). Le lyrisme exalté autant que théâtral du ténor sud-africain, toujours soucieux du respect de la ligne mélodique, atteint ici son sommet. Ce lyrisme allié au drame s'extériorisera à merveille dans la seconde partie de ce récital. Richard Strauss n'a peut-être pas gâté les ténors comme les sopranos, mais il leur a réservé quelques belles pages. Le timbre radieux de Botha correspond bien à celui de l'Empereur dans Die Frau ohne Schatten (Sinopoli, 1999) et son alliance avec la nourrice de Marjana Lipovsek nous gratifie d'un superbe duo. Prise de rôle en 2004, l'Apollon de Daphne constituait l'un des rôles préférés de Johan Botha. Il le sentait - et l'a très souvent chanté. Il avait en effet la voix idéale pour ce personnage, et l'empathie naturelle du ténor lui conférait cette puissance maîtrisée qui convient idéalement au dieu solaire. Le récital se termine par la scène finale d'Ariadne auf Naxos, à partir de "Bin ich ein Gott, schuf mich ein Gott", excellement dirigée par Christian Thielemann en 2014, avec la superbe Ariane de Soile Isokoski : une belle et sérieuse équipe pour clore cet opéra - et ce CD - radieux.
Bruno Peeters

Son 9 - Livret 7 - Répertoire 10 - Interprétation 10

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.