A Genève, un chef de talent : Vasily Petrenko

par
Petrenko

Comme l’Orchestre de la Suisse Romande joue bien lorsqu’il a sa tête un chef de talent ! Tel est le cas de Vasily Petrenko qui est aujourd’hui titulaire de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liverpool et de l’Orchestre Symphonique de la Fédération de Russie.A Genève, le 12 janvier, son programme était axé sur le concept de la variation. Mais il a débuté par une page de circonstance, l’Ouverture académique op.80 de Johannes Brahms, destinée à l’Université de Breslau pour exprimer sa gratitude d’avoir été nommé docteur honoris causa. De cette fantaisie brillante où surgissent des bribes de chansons estudiantines, le chef s’ingénie à dessiner chacun des motifs avec une bonne dose d’ironie qui éclatera dans le ‘Gaudeamus igitur’ de conclusion. Et cette volonté d’étager les plans sonores est évidence dans une autre page de Brahms, les Variations sur un thème de Haydn op.56a. A partir du Choral de Saint Antoine qui ne doit rien à Haydn mais qui puise sa fraîcheur dans la sève populaire, le jeune maestro joue d’une louable précision du trait pour donner une couleur spécifique à chacune des huit variations et ériger en apothéose la passacaille finale. Quant aux Variations Enigma de sir Edward Elgar, elles sont présentées dans un souffle de continuité alors que, durant tant d’années, sous d’autres baguettes, l’orchestre romand s’est entêté à les morceler comme un puzzle disparate. Dès les premières mesures, Vasily Petrenko implante une teinte mélancolique qui deviendra poignante dans les séquences X et XII (Nimrod et B.G.N) ; mais elle n’aseptise en rien les éclats véhéments (IV & VII) ou la tendresse ironique (III & XI) du propos avant de terminer sur une note solennelle.
En soliste figure le pianiste macédonien Simon Trpceski, interprète brillant de la Rhapsodie sur un thème de Paganini, l’opus 43 de Sergei Rachmaninov. Avec une maîtrise technique à toute épreuve, il en négocie les traits diaboliques à une pointe sèche qui, par moments, pourrait s’estomper pour inclure une couleur plus chatoyante, couleur que l’on percevra dans le bis, l’Andante de la Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op.19 du même Rachmaninov qui voit intervenir, avec une extrême sensibilité de ligne, le chef de pupitre des cordes graves Stephan Rieckhoff.
Paul-André Demierre
Genève, Victoria Hall, le 12 janvier 2017

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