A Majorque avec Maxence Pilchen

par

JOKERFrédéric Chopin (1810-1849)
24 Préludes, opus 28

Maxence Pilchen piano
2015-DDD-34’40-Textes de présentation en français et anglais-Paraty115131

Voilà une nouvelle lecture des Préludes op. 28 de Chopin qui devrait vite s’imposer comme référence. Maxence Pilchen est un pianiste franco-belge, a travaillé aux côtés de Janusz Olejniczack, Bernard Ringeissen et Byron Janis. A 11 ans, il est primé au concours télévisé des jeunes solistes de la RTBF. Lauréat de nombreux concours et titulaire du Prix Maurice Lefranc, il se projette sur la scène internationale tout en se produisant aux côtés d’orchestres tels que l’Orchestre national de Belgique, L’Orchestre national de Porto… Par son travail sur les pianos anciens du XIXe siècle, Pilchen propose une transposition des subtilités et couleurs de ces instruments sur le piano moderne, conférant à son jeu une plus grande palette de couleurs et dynamiques.
Avec une genèse obscure, c’est vraisemblablement lors d’un voyage avec George Sand à Majorque en 1838 que Chopin couche sur papier ces 24 pièces courtes, alternant tonalités majeures et mineures et où jaillit une liberté expressive, harmonique et rythmique sans précédent. Cet opus, Maxence Pilchen l’aborde et le défend avec simplicité et sincérité. Dans une atmosphère intime, grâce notamment à l’excellente prise de son, le pianiste franco-belge développe un travail conséquent sur la ligne mélodique, sublimée ici par un accompagnement limpide et clairvoyant. Pilchen ne se contente pas seulement d’enchaîner chaque Prélude, mais tente d’unifier l’ensemble en une seule grande structure. Et c’est d’ailleurs cette très large perspective, voulue et réfléchie, qui donne tout son sens au cycle. Soucieux des couleurs et des contrastes, le pianiste aborde chaque Prélude avec l’énergie qui lui confère, notamment pour l’opus 28 n°7, incroyablement sensible et poétique, au risque de perdre du tempo, mais justifié, et dépourvu de d’épanchement lyrique. Ce qui n’empêchera pas le pianiste d’imposer quelques sursauts d’énergie, notamment les n°12 ou 16. Techniquement, il n’y a rien à redire, que ce soit dans les pages calmes où dans celles plus virtuoses. Les n°10 et 16, par exemple, virevoltent, s’intensifient dans le discours par un pianiste qui n’oublie aucun effet, accentue certaines surprises sonores, grâce notamment à une pédale maîtrisée. Le piano de Maxence Pilchen chante avec simplicité et discrétion, une certaine forme de sensibilité qui, en somme, va à l’essentiel. Un très beau piano, à découvrir.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 9 – Interprétation 10

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