Alexandre Kantorow en récital à Monte-Carlo
C'est avec plaisir qu'on retrouve le pianiste Alexandre Kantorow en récital à Monte-Carlo. Nous l'avions découvert en 2018 au Festival de Menton et depuis son palmarès s’est étoffé et impressionne pour ses 22 ans. Il a été choisi cette année comme "artiste en résidence" de la saison de l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo et il est invité à un récital et pour deux concerts avec l'orchestre.
Alexandre Kantorow est un merveilleux pianiste toujours à la recherche de la perfection et il possède un tempérament de feu. Pour son premier récital monégasque, il nous propose un programme passionnant de virtuosité et de sensibilité.
Brahms est un de ses compositeurs favoris et le concert commence avec les 4 Ballades op.10. Dès le début, il nous emmène au coeur de la partition avec énergie et clarté. Il anime ces légendes mystérieuses avec beaucoup de nuances et d'émotions. On est conquis par son interprétation habitée, mystique et ardente.
La Chaconne de Sofia Goubaïdoulina date de 1962. C'est une œuvre très sombre de l'époque soviétique. Il y a des réminiscences de Chostakovitch, Prokofiev et Bartók. Kantorow nous transporte dans cet univers sordide plein d'inquiétude. Il développe toute une palette de sonorités avec des basses profondes, un jeu appuyé, massif, ainsi que l'aspect digital et percussif dans la partie centrale de la pièce.
La Sonate n°1 de Rachmaninov est inspirée du Faust de Goethe.Chaque mouvement représente l'un des personnages de l’intrigue, Faust, Marguerite et Méphistophélès. C'est une sonate diabolique, un sommet de virtuosité, une symphonie pour piano solo. On se laisse entraîner par la poésie, la puissance, les contrastes et la sensualité de cette musique sublimée par Alexandre Kantorow. Dès les premières mesures de la Chaconne de Bach transcrite pour la main gauche par Brahms, le son plein et nuancé de Kantorow s'élève au point qu'on oublie que nous n'entendons qu'une seule main. C'est magique !
Un triomphe et une standing ovation pour ce magnifique musicien qui nous gratifie encore en bis d'un extrait de la Sonate n°1 de Brahms.
Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, 17 janvier 2021
Carlo Schreiber
Crédits photographiques : Jean-Louis Neveu