Au festival de Menton 2022

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Le Festival de Menton a retrouvé, après deux années de pandémie, sa programmation complète sur une période de quinze jours : 9 concerts de prestige sur le Parvis, 5 concerts à 18h au Palais de l'Europe, une nuit du piano avec trois récitals, 3 concerts gratuits à l'Esplanade des Sablettes, des classes de maître de piano, 3 concerts avec le dispositif SilentSystemet et quelques concerts "off".

Les temps ont changé et il faut s'adapter. En effet, le public de fidèles mélomanes de Menton, de Paris et de l'étranger qui venaient assister chaque année à tous les concerts du festival a pratiquement disparu. Le festival compose désormais avec un public de vacanciers qui ne fréquentent pas automatiquement les salles de concerts et veulent profiter d'un beau moment musical.

La programmation est hétéroclite et chacun doit pouvoir trouver son bonheur. Le concert d'ouverture commence avec "Natalie Dessay chante Broadway". Un programme fédérateur qui remplit sans problème le Parvis.  Le programme reprend des grands tubes que tout le monde peut fredonner  : les mélodies de West Side Story de Léonard Bernstein à Michel Legrand (Yentl - Between Yesterday and tomorrow) en passant par les airs fameux chantés par Judy Garland et sa fille Liza Minnelli.  La soprano excelle désormais dans le répertoire de la comédie musicale qu’elle chante ici en famille avec la complicité de sa fille Neïma Naouri et avec un invité surprise, le papa Laurent Naouri qui a rejoint "la famille"pour chanter à trois. Un pool de musiciens accompagne ce trio : Yvan Cassar au piano, Benoît Dunoyer de Ségonzac à la contrebasse, Sylvain Gontard à la trompette et Nicolas Montazaud aux percussions. Le public est comblé et récompense ces musiciens par de longues ovations debout. 

Menton est heureux de fêter le trentième anniversaire de la création des Talens Lyriques et de Christophe Rousset, un des meilleurs ensembles baroques actuels. Christophe Rousset est au clavecin et il dirige ses musiciens avec raffinement. Rousset est très lié à Menton où il retrouvait ses parents et ses cousins pour les vacances, et sa passion pour la musique lui a été révélée lors d'un concert au festival. En première partie ils nous font découvrir La Mort de Lucrèce de Montéclair avec la remarquable soprano Sandrine Piau, avec sa voix pure, ample, parfaitement maîtrisée avec des pianissimi sublimes. Les musiciens enchaînent ensuite des extraits de la deuxième Récréation en musique de Leclair.

En seconde partie, le public découvre une œuvre pratiquement inconnue de Scarlatti Tinte a note di sangue interprétée avec une classe infinie. La voix de Sandrine Piau est envoûtante, fraîche et lumineuse. Cette partition est suivie d'une sonate et de l'aria Notte placida e cheta de Haendel. Deux airs d’Alcina de Haendel sont proposés en bis, permettant au public de prolonger cette soirée mémorable. 

Du côté de la musique de chambre, l’un des meilleurs concerts était à créditer au  Quatuor Ebène renforcé du remarquable violoncelliste Nicolas Altstaedt. Le programme honorait deux immenses chefs d'œuvre : le Quatuor n°3 en si bémol majeur de Brahms et le Quintette en Ut Majeur de Schubert. Ce dernier étant souvent considéré comme l’un des sommets de la musique de chambre avec son univers planant. Il va de soi que l’excellence interprétative était au programme de ce concert à marquer d’une pierre blanche. 

Le public azuréen pouvait également retrouver différents artistes bien connus du côté de Monaco, régulièrement invités par les institutions musicales du Rocher :  Alexandre Kantorow, Daniel Lozakovich ou un jeune talent comme le pianiste Slava Guerchovitch qui démontre l’étendue de son talent dans un programme contrasté et poétique Tchaïkovski, Debussy, Granados et Liszt (superbe Après une lecture du Dante de Liszt). 

Le Festival cherche également à proposer des expériences de concerts dans des paysages magnifiques à l’image du concert du pianiste Paul Lay au Parc du Pian caractérisé par  la magnifique oliveraie située face à la mer. Un autre pan exploré est celui de la technologie  : grâce au dispositif SilentSystem,  le public peut circuler avec un casque et écouter le récital dans les meilleures conditions, sans être dérangé par les cigales.

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : Ville de Menton

 

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