Ariettes, harpe et pianoforte dans les salons londoniens à l’heure classique

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A Souvenir from London. Luigi Marchesi (1756-1829) : Sei Ariette, Op. 1 ; Six Ariettes, Op. 2. Anne-Marie Krumpholtz (1766-1813) : A New Introduction and a Piemontois Air with Variations ; Minuetto by Krumpholtz, the variations by Madame de. James Cervetto (1748-1837) : Duett for two violoncellos in C major. Katerina Veronika Anna Dusíkova (1769-1833) : Sonata for the pianoforte with or without additional keys, in which is introduced the favorite Portuguese Hymn Adeste Fideles, Op. 2. Francesca Cassinari, soprano. Stile Galante, Stefano Aresi. Chiara Granata, harpe. Andrea Friggi, pianoforte. Agnieszka Oszańca, Giulia Gillio Gianetta, violoncelle. Livret en anglais, français, allemand, mandarin ; paroles et traduction en anglais. Avril 2021. TT 80’58. Glossa GCD 923531

La figure majeure de cette généreuse anthologie (plus d’une heure vingt) est le castrat italien Luigi Marchesi auquel l’ensemble Stile Galante et la mezzo-soprano Ann Hallenberg avaient déjà consacré un CD, enregistré en avril 2015 sous la direction du musicologue Stefano Aresi. Outre ses prouesses à l’opéra qu’illustrait ce disque, Marchesi légua quelques œuvres, principalement écrites lors de ses séjours londoniens à la fin des années 1780. Ainsi ces deux cahiers de six Ariettes, luxueusement publiées, et qui connurent plusieurs rééditions dans quelques capitales européennes. Destinés à un public amateur, ces airs pour salons bourgeois n’en comportent pas moins quelques tournures virtuoses, typiques de leur auteur. Ils sont ici accompagnés au clavier (un square piano de 1769 et un fortepiano de Matthaus Heilmann, un peu plus tardif) ou à la harpe. Précisons qu’il s’agit d’instruments historiques et non de copies, mis à disposition par le Museum Geelvinck où furent captées ces sessions.

Un autre pianoforte de la même collection (André Stein, c1803-1805) est utilisé pour Katerina Veronika Anna Dusíkova, jeune sœur du célèbre pianiste Jan Václav Dusík (1760-1812), réfugié en Angleterre en 1789 pour fuir le Paris où il enseignait, alors en proie à la Révolution française. Cette compositrice n’est pas directement liée à Marchesi, contrairement aux deux autres musiciens invités par cet album en complément de son projet lyrique. Car les chroniques de l’époque attestent que la harpiste Anne-Marie Krumpholtz et le violoncelliste James Cervetto concertèrent avec lui. Les quatre œuvres instrumentales se ventilent dans le programme d’ariettes découpé en quatre services, mêlant les opus 1 et 2.

On saluera particulièrement la prestation de Chiara Granata, qui distille avec un art consommé la New Introduction et le Minuetto, sur une harpe à crochet de c.1790. Ainsi qu’Andrea Friggi, professeur au Conservatoire d’Amsterdam, aussi habile comme accompagnateur que comme soliste dans la Sonate qui brode sur la fameuse mélodie de Noël Adeste Fideles. La notice mentionne comment Francesca Cassinari se réfère à une ornementation pratiquée « en évitant le goût actuel standardisé (et historiquement douteux) du chant baroque ». On aurait apprécié un filé plus souple et limpide, un timbre plus pulpeux et chaleureux. Gantée dans une captation proche et intimiste, la fraiche interprétation vocale jette un regard ingénu sur ces camées prisés de la bonne société anglaise sous George III, tandis que Joseph Haydn dominait la vie musicale. Un répertoire sans grande prétention autre que l’agrément, agréablement ciselé.

Son : 8,5 – Livret : 8,5 – Répertoire : 7 – Interprétation : 8-9,5

Christophe Steyne

 



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