Bach en Italie

par

Johann Sebastian BACH (1685 - 1750)
Concerti, Capriccio et Aria
Concerto après Antonio Vivaldi BWV 978 - Concerto après Alessandro Marcello BWV 974 - Concerto après Antonio Vivaldi BWV 973 - Concerto après Benedetto Marcello BWV 981 - Concerto Italien BWV 971 - Aria variata BWV 989 - Capriccio sopra la lontananza del fratello dilettissimo BWV 992
Olivier Cavé (piano)
2013 - AECD 1111 - 62'11'' - Notice en anglais, allemand et français - Aeon
"Nous sommes tous des pèlerins à la recherche de l'Italie. " Goethe. Bach, un des plus grands pèlerins de la musique, lui aussi recherchait l'Italie et éprouva un certain intérêt pour ses compositeurs. Les musiques de Vivaldi, Corelli, Torelli mais aussi celle de Marcello ont fortement influencé et inspiré Bach, pétri de culture allemande. Tout son génie de Bach est là ; lui le compositeur amoureux des formes anciennes se laissant aller à transcrire des concertos pour violon d'un certain Vivaldi, oeuvres qu'il trouvait "tellement admirables." Plus de seize transcriptions de concertos de divers maîtres italiens l'ont amené à maîtriser parfaitement le style concertant et à essayer lui même de composer comme eux. D'où le Concerto Italien en Fa Majeur. Ce disque regroupe plusieurs Concertos d'"après" tel compositeur italien (Marcello, Vivaldi) ainsi que trois oeuvres originales de Bach influencées par ses études et transcriptions d'oeuvres italiennes. Bach a pu ainsi montrer dans ces oeuvres tout le talent qu'il avait pour restituer au clavecin un genre dévolu à l'orchestre. N'oublions pas que le clavecin possédait plusieurs claviers et qu'ainsi un "tutti d'orchestre" était joué sur tel clavier et un "solo" sur un autre. A l'écoute du Concerto Italien on peut entendre deux éléments en opposition : un orchestre et un soliste le tout sur un même instrument. Tout le talent du pianiste est là aussi. Olivier Cavé nous offre un Concerto Italien très aérien, riche en couleurs et surtout très épuré ; il n'en fait pas un morceau virtuose composé en sorte d'étaler la dextérité du pianiste. Le tout est joué dans le style d'un vrai concerto italien ; c'est à dire sans aller trop vite afin de bien différencier les deux masses s'opposant et d'une grande clarté sans oublier bien évidemment de chanter les mélodies car nous sommes quand même en Italie. Mention spéciale au mouvement lent du Concerto Italien qui évite de tomber dans un excès de pathos et de rubato. Il faut remarquer surtout qu'Olivier Cavé n'a pas fait de ce mouvement une pièce prétexte à tous les contrastes possibles et inimaginables, ce que bon nombre de pianistes n'hésitent pas à faire. Ce qui rend ce merveilleux mouvement plus proche d'un spectacle de sons et lumières avec des nuances extrêmes au lieu d'être ce qu'il est vraiment: un magnifique moment de recueillement devant être joué de manière dépouillée. On ne se lasse pas non plus de la transcription du Concerto pour hautbois de Marcello magnifiquement jouée par ce pianiste suisse. Olivier Cavé a un jeu sobre, sensible et très nuancé. Les mouvements ont beau aller vite, le jeu de Cavé est toujours compréhensible et précis dans les attaques. La lecture de ces oeuvres par Olivier Cavé sont intelligentes ; on a beau les connaître par coeur, il réussit à éclairer tel passage et à mettre en relief telle voix et cela rend l'écoute nouvelle et intéressante. Un pianiste à connaître et des oeuvres toujours aussi lumineuses.
François Mardirossian

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 9

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