Beniamino Paganini et Musica Gloria : le triomphe de la jeunesse et du talent

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Il est de tradition que le lauréat du Prix du Jeune musicien décerné par l’Union de la Presse musicale belge se voie offrir la saison suivante la possibilité de se produire au Palais des Beaux-Arts. Et  c’est ainsi que pour le premier concert du cycle Bozar Next Generation de cette saison, la maison bruxelloise qui souhaite à juste titre mettre en avant des talents prometteurs dans cette belle série du dimanche matin accueillait Beniamino Paganini, Jeune musicien de l’année 2020, à la tête de son ensemble Musica Gloria. 

Avant le début du concert, Jérôme Giersé -responsable de la musique à Bozar- et le signataire de ces lignes en tant que président de l’UPMB présentèrent donc au public le jeune claveciniste et flûtiste brugeois qui, après deux très brefs discours retraçant rapidement son parcours, se vit remettre les chaleureuses félicitations des précités et la médaille qui récompense le lauréat de ce prix qui a ces dernières années distingué d’aussi beaux talents que le pianiste Florian Noack ou la violoniste Sylvia Huang..

Fin connaisseur du répertoire baroque, Beniamino Paganini (c’est son vrai nom) avait choisi de consacrer ce concert à un florilège de la musique qu’on aurait pu entendre autour des années 1730-1740 à la petite Cour d’Anhalt-Zerbst où Johann Friedrich Fasch (1688-1758) oeuvra de 1722 à sa mort.

De ce compositeur très respecté à son époque on entendit un beau choix d’oeuvres, à commencer par une Ouverture-Suite en trois mouvements où la joie de jouer, la finesse et l’irréprochable fini instrumental de l’ensemble (comportant -outre son directeur musical- les violonistes Daria Spiridonova et Marieke Vos, l’altiste Lena Rademann, la violoncelliste Phyllis Bartholomeeus, la hautboïste Nele Vertommen et un Ganaël Schneider aussi habile au théorbe qu’au clavecin) firent forte impression. On peut en dire autant d’un Quatuor pour deux violons, alto et continuo, et de l’exquis Quatuor pour flûtes, 2 violettas (altos) et continuo en sol mineur du même compositeur où Beniamino Paganini donna une preuve très convaincante de ses talents à la flûte traversière baroque, jouée ici avec autant de grâce que d’aisance. 

Auparavant, le héros du jour s’était montré un brillant soliste dans le Concerto pour clavecin en fa mineur BWV 1056 de Bach, même si l’instrument peinait parfois à se faire entendre dans le vaste vaisseau d’une salle Henry Le Boeuf bien remplie. On ne tarira pas davantage d’éloges sur l’exceptionnelle Nele Vertommen qui, aussi bien dans le Concerto en sol de Telemann que l’exquise Sinfonia extraite de la cantate « Ich hatte viel Bekümmernis » BWV 21 de Bach, montra l’étendue d’un talent qui la met au premier rang des hautboïstes baroques du moment.

Le programme s’acheva sur une autre page méconnue de Fasch, un Concerto pour hautbois et et flûte en mi mineur, où Vertommen et Paganini -partenaires à la scène comme à la ville- firent preuve d’une entente parfaite aussi bien entre eux qu’avec leurs excellents collègues de Musica Gloria.

Bruxelles, Bozar, le 3 octobre 2021.

Patrice Lieberman

Crédits photographique : Davy Coghe

 

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