Brahms par Henri Druart 

par

Johannes Brahms (1833-1897) : Quintette pour clarinette et cordes en si mineur, Op.115 ; Sonate pour clarinette et piano en fa majeur, op.120 n°1 ; Sonate pour clarinette et piano en si bémol majeur, op.120 n°2. Henri Druart, clarinette ; Annie d’Arco, piano ; Quatuor à cordes de l’Orchestre de Paris. 1973-1975. Notice en français et anglais. 79’53’’. Calliope. CAL 2085. 

 

Le label Calliope rend hommage à l’un des grands virtuoses français de la clarinette : Henri Druart. 

Né en 1919, le musicien devient vite un soliste  très demandé des orchestres parisiens : Orchestre des Concerts Lamoureux, Orchestre du Théâtre national l’Opéra comique, Orchestre de Garde Républicaine, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire et Orchestre de Paris. Ami des compositeurs Henri Dutilleux et Francine Aubin, il fut également l’un des solistes, aux côtés de Mstislav Rostropovitch et Yvonne Loriod, de la création de l’imposante Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ d’Olivier Messiaen, en 1969, à Lisbonne, avec l’Orchestre de Paris dirigé par Serge Baudo. 

Professeur recherché de son instrument, il fonde, en 1964, le Conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique de Rueil-Malmaison dans la banlieue de Paris. Sous sa direction, cette académie devient très réputée et attire les meilleurs professeurs. Il faut dire que la présence à Rueil-Malmaison d’un centre des Musiques militaires lui apporte un réservoir de jeunes talents qui se perfectionnent en effectuant leur service militaire. 

En plus de ces casquettes de soliste, professeur et homme d’administration, Henri Druart était un chambriste émérite comme en témoigne cet album intégralement dédié à Brahms. 

Dans le célèbre Quintette pour clarinette et cordes en si mineur, on admire tout d’abord ces sonorités typiquement françaises faites d’une limpidité qui permet aux moindres nuances de s'épanouir. Loin de lectures plus épaisses de traits ou volontairement romantisantes, Henri Druart et ses condisciples du Quatuor de l’Orchestre de Paris (Jacques-Francis Manzone, Joseph Ponticelli, Roger Lepauw, Albert Tétard)  composent une lecture traversée de lumières et dont le tissu instrumental apparaît mobile et subtile. Une toute grande interprétation ! 

Les deux sonates avec piano nous permettent de retrouver le clarinettiste avec la pianiste Annie d’Arco. Bien trop oubliée, cette musicienne, élève de Marguerite Long et lauréate du Concours de Genève 1946, fut une soliste appréciée qui se produisait régulièrement avec les grands chefs et artistes de son temps. Elle était l’épouse du corniste Gilbert Coursier, l’un des grands praticiens de cet instrument aux côtés de Georges Barboteu.  Dans ces deux oeuvres de complicité, on savoure l’entente naturelle et la finesse de trait de ces deux artistes. On savoure encore cette esthétique sonore si belle, telle une ligne de crête entre respiration naturelle et large palette des couleurs.  

Cet album passionnant est une pierre angulaire dans l'art de l'interprétation et un juste hommage à un grand musicien.

Pierre-Jean Tribot 

 

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