Violon et orgue : exploration en duo de quelques belles pages de Bach

par

Intuitions. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Sonate per il violino solo e basso continuo BWV 1021 ; Sinfonie BWV 788, 789, 793, 794, 797, 799, 801 ; Sonate en Trio no 4 en mi mineur BWV 528 ; Partita en si mineur BWV 1002 ; Choral Nun komm, der Heiden Heiland BWV 659 ; Choral Wachet auf, ruft uns die Stimme BWV 645. Stéphanie Paulet, violon. Élizabeth Geiger, orgue de l’église de Charolles. Août 2017. Livret en français, anglais. TT 59’25. Paraty 620194

Du propre aveu des interprètes dans la préface du livret, voici une série de relectures, d’expérimentations dans un esprit chambriste. Qu’elles soient originellement écrites pour violon seul ou avec basse continue, pour clavecin, ou pour orgue, les partitions au programme sont ici toutes revisitées en duo. Un violon baroque fait par André Mehler (archet par Jean-Yves Tanguy), et le récent (2016) orgue de l’église du Sacré-Cœur de Charolles en  Saône-et-Loire, qui dispose de 27 jeux sur quatre claviers et pédalier. La notice de Laurent Slaars renseigne avec précision et poésie sur ces opus et la façon dont ils sont ici abordés.

Selon la nature des œuvres, les transcriptions sont diversement élaborées : le BWV 1021 requiert évidemment peu d’adaptation ; la Triosonate ne demande qu’à troquer le caractère concertant de sa polyphonie ; les chorals retrouvent une vocalité bien naturelle. À l’écoute, le résultat est très cohérent et convainc de l’habileté des deux musiciennes, aussi appliquées qu’inspirées. Élizabeth Geiger fait même préluder la Corrente de la Partita par une Courante de son invention. Le violon tient la vedette, d’autant que les micros lui assurent la prééminence, mais les tuyaux offrent bien mieux qu’un fond de décor : un écrin. Sans être envahissants. Ce fut d’ailleurs un des enjeux de l’harmonisation de cet orgue bourguignon : des aigus doux qui se prêtent au dialogue avec un dessus. Les registrations sont agréablement variées, plutôt claires et dodues, rarement piquantes (le Tempo di Borea sur les anches).

Le projet de l’album remplit son contrat : les intuitions sont justes et éloquentes. Un beau voyage, où la méditation rejoint la spiritualité, la profondeur rejoint l’altitude (en cela la photo de couverture est bien choisie). Sans nous éloigner de Bach, les deux artistes nous guident de main aussi sûre que sensuelle dans son univers et sa pensée, et offrent un regard révélateur sur ces pages ingénieusement recréées.

Son : 8 – Livret : 9 – Répertoire & Interprétation : 8

Christophe Steyne

 

 

 

 

 

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