Brillant récital Bach au clavecin, disgracié par la prise de son

par

Echo. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concerto Italiano en fa majeur BWV 971 ; Fantaisie et Fugue en la mineur BWV 904 ; Ouverture française en si mineur BWV 831 ; Sonate en ré mineur BWV 964 (d’après le BWV 1003). Alessandra Artifoni, clavecin. Juin 2020. Livret en italien et anglais. TT 65’36. Dynamic CDS7922

Le titre de l’album se réfère à la dernière pièce du BWV 831. Le livret nous rappelle que le Concerto Italiano et l’Ouverture française tirés de la deuxième Clavierübung cultivent un style « spécifiquement italien et spécifiquement français dans l’harmonie, le rythme, l’ornementation et l’invention mélodique. » Deux idiomes acclimatés par Bach qu’Alessandra Artifoni avait déjà travaillés dans de précédents enregistrements pour le même label : les Suites françaises (juillet 2012) et les Suites anglaises (août 2016). Dans son nouvel album, la talentueuse claveciniste, enseignante à Florence et Bergame, persévère sur un instrument copié de Mietke (1702), que l’on pourra hélas estimer ingrat, du moins disgracieusement capté. 

D’emblée les tuttis du Concerto italien sonnent aussi bigarrés qu’au limonaire, tantôt amers comme chicotin tantôt gouleyants comme une limonade trop citrique. Et pourtant, quelle ardente main gauche dans le Presto. Les graves cotonneux et hydropiques compromettent le dessin de la Courante, et pourtant quelle équanimité des mains dans l’envolée de l’Ouverture du même BWV 831 !, quelle noblesse pour la Sarabande !, quelle sensibilité pour les Bourrées ! vives et précieusement animées par Alessandra Artifoni, qui nous sert ensuite des échos justement dosés. Quelle limpidité met-elle dans la Fantaisie et Fugue ! Ses doigts explorent avec art la polyphonie de l’Allegro de la sonate transcrite d’après le modèle pour violon. Dommage que son jeu sorte guindé et épaissi par une perspective acoustique qui rudoie toute subtilité. On l’a compris : un captivant récital hélas surcuit dans un chaudron qui trahit la finesse d’intentions d’une interprétation en soi de haut vol.

Son : 5,5 – Livret : 8,5 – Répertoire : 10 – Interprétation : 9,5

Christophe Steyne

 

 

 

 

 

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