Casse-Noisette par le Ballet de l’Opéra de Kiev

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Pour la première fois à Paris depuis sa dernière tournée en 1964 (cela fait 54 ans !), le Ballet de l’Opéra National de Kiev, également appelé l’Opéra National d’Ukraine, présente au Théâtre des Champs-Elysées l’un de ses spectacles phares : Casse-noisette de Tchaïkovski.

L’Opéra de Kiev, qui a fêté ses 150 ans, fut conçu en 1867 avec un ballet qui y était attaché. Une modeste troupe régionale au débuit, mais elle s’est progressivement professionnalisée pour devenir ce qu’on connaît aujourd’hui.

Quant à la troupe du ballet, c’est au début du XXe siècle qu’elle s’est réellement développée, en s’inspirant des danses occidentales et grâce à des figures de la danse ukrainienne, à l’image de Mikhail Mordkin (1880-1944), soliste des Ballets Russes.

La troupe comporte aujourd’hui 150 danseurs et donne 16 représentations par mois à l’Opéra National de Kiev. Parmi les danseurs célèbres qui en ont fait partie , on compte Alina Cojocaru, Maxim Beloserkovsky, Irina Dvorovenko, Nina Semizorova ou encore Raïssa Khylko.

La chorégraphie du Casse-Noisette que les Parisiens peuvent admirer jusqu’au 6 janvier est signée Valery Kovtun d’après la version originale de Marius Petipa. Très classique, elle mêle habilement les « pantomimes » et des pas virtuoses.

Iuliia Moskalenko, dans le rôle de Clara, a une apparence si frêle qu’on dirait une véritable petite jeune fille. Mais ses mouvements sont dynamiques, inspirés, pour s’exprimer pleinement sans rien négliger jusqu’au bout des doigts ou la pointe des pieds. Stanislav Olshanskyi en Prince a une présence scénique imposante qui domine littéralement le plateau. Ses gestes sont élégants et parfaitement réglés, chaque mouvement est si bien placé que l’ensemble devient plus que naturel. Les décors très bien conçus et réalisés laissent pourtant du vide sur la scène et donnent ainsi l’impression qu’ils pourraient être plus fournis. Même sentiment face aux soldats-souris et aux fleurs qui valsent, dont le nombre est limité ; cette impression, peut-être fausse, est-elle due à cette habitude d’assister à la version somptueuse de Noureev par exemple ? Quoi qu’il en soit, les « peintures » apparaissent à nos yeux « russes », avec les couleurs et les figures qui génèrent les caractéristiques du folklore local. C’est notamment le cas dans le costume des poupées russes : on les dirait même ukrainiennes !

Autre bémol, la musique enregistrée. Même si on en comprend les contraintes techniques et matérielles, le rendu et la sonorisation sont tels qu’on entend la harpe trop près, au même niveau sonore (si ce n’est plus) que le hautbois ou la trompette, ce qui met fort à mal l’équilibre des instruments…

Ceci étant dit, les danseurs nous offrent une prestation sans faute, absolument époustouflante, et on passe un moment véritablement privilégié.

Photos © Ballet de l’Opéra de Kiev

Victoria Okada

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