Partitions

Les Nouveautés des Partitions, depuis les plus débutants aux plus professionnels et pour tous les instruments.

Schubert jeune et Liszt tardif chez Bärenreiter

par

Le catalogue de la justement réputée collection Bärenreiter Urtext s’enrichit de deux parutions que tout oppose à première vue, mais qui ont l’une et l’autre de quoi intéresser les pianistes et mélomanes curieux.

Assez peu jouées à l’exception des D.537 et 575, les huit sonates de jeunesse écrites par Schubert entre 1815 et 1817 -année où il eut vingt ans- sont présentées ici dans une magnifique édition de Walburga Litschauer, alors que Mario Aschauer offre des considérations très éclairantes sur la façon la plus adéquate de jouer ces oeuvres, citant abondamment les ouvrages pédagogiques de Czerny et Hummel qui faisaient autorité à l’époque. Les commentaires sont en allemand et en anglais. 

Le texte ne diffère pas énormément des bonnes éditions courantes (comme l’excellente Peters), mais offre l’avantage appréciable d’une gravure très claire et de grande taille et du solide papier crème si typique de cet éditeur. L’album présente une véritable curiosité, à savoir la première version de la Sonate D. 568 que Schubert composa d’abord dans un peu pratique ré bémol majeur avant d’en écrire une seconde version en mi bémol majeur. Comme on peut s’y attendre dans un Urtext pur et dur, l’édition ne comporte pas de doigtés.

Mahler et Rihm chez Universal Edition Wien 

par

Les éditions Universal de Vienne complètent leur collection de partitions d’études par deux parutions consacrées à Mahler et Rihm. 

Gustav Mahler : Symphonie n°6. UE 36520. ISMN : 979-0-008-09035-6. 

Cette parution au format d’étude de la Symphonie n°6 est une reprise de l’édition menée en 2008 sous la direction éditoriale de Reinhold Kubik et dont le matériel d’orchestre est édité chez Peters.

Cette édition propose une préférence trilingue allemand, anglais et français ainsi que la liste des sources. L’introduction est certes assez courte mais très synthétique et permet de bien se replonger dans la genèse et la création de cette oeuvre ainsi que de retracer les péripéties et les débats sur l’ordre des mouvements, “Andante” et “Scherzo” tout en abordant la problématique des coups de marteaux dans le final.

Notons également que malgré le format imposant de cette partition, elle est toujours agréable à lire et lisible en dépit de la nomenclature instrumentale démesurée.

Avec cette parution consacrée à la Symphonie n°6, c’est toutes les symphonies de Mahler qui sont disponibles sous ce format des plus pratiques.  

Wolfgang Rihm, Jagden und Formen, UE 36512. ISMN : 979-0-008-08968-8. 

L’un des grands atouts de cette collection d’Universal Edition réside dans la mise à disposition de partitions de compositeurs contemporains. Ainsi les étudiants et professionnels peuvent consulter des partitions d'œuvres de Friedrich Cerha, d’Arvo Pärt et de Wolfgang Rihm dans un rapport qualité prix des plus pertinents. La série s’enrichit d’une cinquième parution consacrée au compositeur allemand avec le cycle majeur Jagden und Formen donné ici dans sa version complète de 2008. On regrette juste l’absence d’introduction qui permettrait de se plonger au mieux dans les méandres de cette oeuvre fascinante    

Nouveautés en Urtext  chez Breitkopf & Härtel 

par

La célèbre collection de partitions de l’éditeur Breitkopf & Härtel s’enrichit de quelques belles nouveautés qui méritent l’attention des mélomanes. Comme toujours, il faut saluer le travail éditorial de cette collection déclinée en grand format de concert ou en partition d’études avec des préfaces et des précieux commentaires critiques.  

Maurice Ravel, Daphnis et Chloé (ballet complet), PO Grand format. Breitkopf &  Härtel PB 5660 / ISMN : 979-004-21547-0

Maurice Ravel,  Daphnis et Chloé (ballet complet),  (réduction pour chant et piano),  Breitkopf &  Härtel, EB 9422 / ISMN : 979-0-004-188899-6  

En premier lieu, il faut saluer la nouvelle édition de Daphnis et Chloé de Maurice Ravel par Jean-François Monnard, dans la version intégrale du ballet. Il est peu dire que cette nouvelle édition était attendue tant les fautes dans l’édition originale étaient proverbiales et que les chefs d’orchestres s’échangaient des listes de corrections. Ce travail s’impose donc comme une nouvelle référence pour les ravéliens. La présente partition, au format de concert, est enrichie d’une reproduction d’une page du manuscrit conservé à l’Université du Texas à Austin ainsi que de deux extraits des décors de Léon Bakst pour les représentations du ballet. Notons que Jean-François Monnard propose également une édition de la réduction pour chant et piano, source également des plus intéressantes car cette réduction pour piano et chant est de la main même du compositeur. Pour en savoir plus sur cette édition, nous renvoyons à l'interview que Jean-François Monnard nous a accordée. 

Gustav Mahler, Das Lied von der Erde, Breitkopf & Hartel, PB 5641 / ISMN 979-0-004-21538-8/ 

La collection consacrée aux œuvres de Gustav Mahler, sous la direction de Christian Rudolf Riedel, se complète d’une nouvelle édition révisée du Lied von der Erde. Venant après les symphonies n°1, n°3 et n°4, ce nouvel opus continue de placer la barre au plus haut. Comme toujours avec Mahler, le travail scientifique est impressionnant car même si la création du Lied von der Erde fut posthume, le compositeur, dans un état émotionnel intense, ne cessait de travailler sur la partition, modifiant des aspects instrumentaux sur le manuscrit et sur les modèles envoyés au graveur. Malheureusement, Mahler ne put superviser la gravure et de nombreuses questions sont restées sans réponses, et des choix unilatéraux furent effectués. Dès lors, cette édition se revendique comme la "première édition critique de l'œuvre sur une base scientifique solide des sources"

Toutes les décisions éditoriales sont expliquées dans les indispensables annexes critiques.  Une immense réussite et une superbe partition complétée de quelques reproductions de pages du manuscrit conservé à New York dans les fonds de la prestigieuse Morgan Library & Museum. 

Jean-François Monnard, à propos de Ravel 

par

Chef d’orchestre et musicologue, Jean-François Monnard se consacre à l'œuvre de Maurice Ravel. Il est Rédacteur en chef des excellents Cahiers Maurice Ravel, parution annuelle guettée des amoureux du compositeur, mais il a également réalisé des éditions révisées des grandes partitions symphoniques du compositeur pour la prestigieuse maison d'édition Breitkopf & Härtel. Il fait paraître la première édition révisée du ballet Daphnis et Chloé, une travail de fond exceptionnel qui sera une pierre angulaire des bibliothèques des chefs et des orchestres.  

Vous avez consacré plusieurs éditions révisées d'œuvres de Maurice Ravel pour Breitkopf & Härtel. Qu’est-ce qui vous a attiré en particulier chez ce compositeur ? 

L’œuvre avant tout, toujours au même niveau, l’homme aussi avec son indépendance d’esprit et le côté prestidigitateur et illusionniste du compositeur. Cette modernité qui le fait précurseur de notre temps, tout en le laissant contemporain du sien.

Daphnis et Chloé est une œuvre assez unique par ses caractéristiques instrumentales et chorales. Qu’est-ce qui fait la particularité de cette partition dans l’art orchestral de Ravel ? 

Le style narratif de la musique. La partition est un programme à elle seule ; elle accompagne les événements chorégraphiques, les commente, les suggère. Elle abonde en gestes, elle a une charge descriptive.

Stravinsky a écrit son admiration pour Daphnis et Chloé. Des grandes œuvres de Ravel (Rapsodie Espagnole, Daphnis et Chloé) sont contemporaines de celles de Stravinsky (L'oiseau de Feu, Petrouchka et Le Sacre du printemps). Est-ce qu’il y a une influence entre les deux compositeurs au-delà de l’admiration entre eux ? 

Il est clair qu’il se sont influencés mutuellement alors qu’ils séjournaient à Clarens et se voyaient quotidiennement. Ravel s’est inspiré des Trois Poésies de la lyrique japonaise pour son instrumentation des Trois Poèmes de Mallarmé. La question est légitime : le ballet Daphnis aurait-il été ce qu’il est sans L’Oiseau de feu et Petrouchka ? En sens inverse, peut-on imaginer L’Oiseau de feu et Petrouchka sans la Rapsodie espagnole ?

 Vous faîtes paraître cette édition révisée de Daphnis et Chloé, ballet complet. Il s’agit de la première édition révisée de ce chef-d'œuvre. Il est de notoriété que l’édition originale comportait un grand nombre de fautes qui énervent les chefs d’orchestre. Il se dit que Pierre Boulez avait  même une longue liste d' erreurs à corriger. Comment avez-vous travaillé pour remédier à ces problèmes ? 

Le dépistage de fautes est un véritable sport et, comme j’ai été chef d’orchestre dans ma première vie, je l’ai pratiqué. En outre, j’ai eu la chance de profiter de l’expérience de Charles Dutoit qui est un fin connaisseur de Ravel. Les conclusions de Boulez sont parfois surprenantes ; les compositeurs ont tendance à soumettre le texte à leur propre ressenti. Ils ont trop d’individualité pour observer une certaine objectivité. De toute façon, c’est un domaine complexe : aux fausses notes, il faut ajouter les nuances négligemment laissées de côté, les phrasés incorrects, les modes de jeux imprécis (notamment concernant l’emploi de la sourdine). Il y a également des passages qui suscitent des doutes comme les timbales dans la première des Valses nobles et sentimentales, qui ne suivent pas toujours la ligne des contrebasses.

Sibelius à Gershwin chez Breitkopf & Härtel

par

En cette fin de saison, les éditions Breitkopf & Härtel nous gratifient de quelques ouvrages finement travaillés de Sibelius à Gershwin en passant par Sporh et Richard Strauss. 

Jean Sibelius (1865-1957) : Valse triste Op. 44 n°1. Edition sour la direction de Timo Virtanen. Breitkopf & Härtel PB 5704. ISMN : 979-0-004-21641-5

Jean Sibelius ouvre cette nouvelle page avec son iconique Valse triste opus 44 n°1.Timo Virtanen signe l'édition sous les auspices de multiples sources et manuscrits. Cette Valse triste mais néanmoins mouvementée est créée le 25 avril 1904 à Helsinki par la Philharmonic Society Orchestra sous la baguette de l'auteur de Finlandia. Flûte, clarinette, deux cors, timbales et cordes sont requis pour cette miniature douce et délicate.

Louis Spohr (1784-1859) : Concerto pour clarinette et orchestre n°2 en mi bémol majeur. Edition sour la direction de Ullrich Scheideler. Breitkopf & Härtel PB 15127. ISMN : 979-0-004-21428-2

Louis Spohr est également à l'honneur avec le Concerto pour clarinette et orchestre n°2 en mi bémol majeur opus 57, cette fois sous l’égide d’Ullrich Scheideler. On se réjouit de redécouvrir cette somptueuse partition dont les premières esquisses datent de 1809. Forme classique en trois mouvements tout comme son effectif (2 flûtes, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales et cordes) pour une durée d’approximativement vingt minutes, ce concerto était considéré à l'époque par la critique musicale comme un chef-d'œuvre incontestable. L’instrument soliste est traité ici avec lucidité et intelligence, soutenu par un accompagnement tout aussi efficace.

Nouvelles parutions pour piano chez Bärenreiter et Universal

par

Robert Schumann (1810-1856) : Arabeske, Opus 18 ; Blumenstück, Opus 19 pour piano - Bärenreiter Urtext - ISMN 979-0-006-55958-9

La populaire Arabesque et le moins connu Blumenstück nous sont proposés dans une belle édition qui reprend tous les critères de sérieux et de qualité qui ont fait la réputation de Bärenreiter. Les œuvres bénéficient d’une intéressante introduction générale et d’un commentaire critique de l’éditeur Holger M. Stüwe ainsi que de judicieux conseils d’exécution signés Sezi Seskir, citant de nombreuses sources dont Schumann lui-même et Reinecke. Superbe qualité de papier -à la jolie couleur crème- et de gravure, mais (comme il se doit dans un vrai Urtext) pas de proposition de doigtés. 

Quelques nouvelles partitions chez Symétrie, Bärenreiter et Henle

par

Charles Bordes (1863-1909) : Romances sans paroles –  Éditions Symétrie - ISMN 979-0-2318-0855-1

Les éditions Symétrie nous reviennent avec deux superbes ouvrages de Charles Bordes (1863-1909) et Yves Castagnet (°1964). Pour voix moyenne et piano, les Romances sans paroles de Charles Bordes -compositeur français né en Touraine, membre fondateur de la Schola Cantorum- est un cycle de quatre mélodies composées entre 1886 et 1895 sur des poèmes de Verlaine. D’une durée approximative de dix minutes, ces quatre miniatures parurent d’abord séparément avant d’être réunies ici sous la houlette de Jean-François Rouchon et Michel Tranchant qui en signent l’édition critique. La raison ? « Souligner la convergence sur le plan poétique ».  Quelques mesures suffiront pour découvrir la richesse expressive de chacune de ces mélodies. L’accompagnement est délicat, la ligne mélodique juste épurée, douce et toujours en corrélation avec la signification poétique du texte.