Une édition révisée de la Symphonie n°9 de Mahler chez Breitkopf & Härtel
Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°9. Breitkopf & Härtel. ISMN 979-0-004-21536-4. BP 5639
Au rythme d’une parution par an, Breitkopf & Härtel poursuit son travail sur les symphonies de Mahler avec l’ultime symphonie achevée par son auteur : la Symphonie n°9. Cette édition est réalisée sous la houlette de Christian Rudolf Riedel.
Alors plongé dans une période créative intense, l’oeuvre a été écrite dans « urgence et une hâte folles » pendant les étés 1909 et 1910. Tout le travail éditorial avait été bousculé, et le matériau musical avait posé d’emblée des problèmes aux copistes chargés de produire le matériel d’orchestre. Si le compositeur avait pu en éclaircir certaines dès la maquette du graveur, d'autres sont restées sans réponse avec la mort du compositeur. On sait que le compositeur concentré sur le degré de composition global laissait de nombreux détails à la pratique, détails qu’il apportait souvent au fil des interprétations, mais son décès mit les interprètes face à un monde de possibles sans autres réponses que la volonté ou la culture stylistique des interprètes.
Cette nouvelle édition critique a été élaborée sur base de nombreuses sources dont le manuscrit autographe désormais partie de la collection de Robert Owen Lehman en dépôt à la Morgan Museum and Library de New York, ainsi que des esquisses et des brouillons conservés tant à la Bibliothèque national d’Autriche à Vienne qu’à la Médiathèque Gustav Mahler.
Cette nouvelle édition critique du texte ambitionne de proposer pour la première fois aux interprètes une base solide pour leur permettre d’avancer entre ce qui peut être éclairé par les sources, et ce qui reste ouvert. Parmi les nombreux enjeux de cette éditions : les nombreuses indications d'archet de Mahler dans les parties de cordes, que le grand chef d’orchestre Otto Klemperer avait qualifiées de « partiellement irréalisables » ou la question ouverte de la notation de la harpe, pour laquelle Bruno Walter avait trouvé une solution jugée pertinente. On peut également noter d’autres défis comme les manques d’indications techniques dans les parties de cuivres ou les notations de la partie de timbales. Dès lors, ce travail ambitieux permet aux amateurs de Mahler et aux musiciens de bénéficier d’un solide travail qui ouvre des perspectives.
L'édition en grand format de pupitre propose outre une introduction, l'appareil critique, un glossaire et une reproduction de trois pages du manuscrit.
Pierre-Jean Tribot