Celibidache en concert à Stuttgart 

par

Franz Joseph Haydn (1732-1809) : Symphonie n°102 en si bémol majeur  Hob I:102 ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n°6 “Pathétique” en si mineur, Op.74. Radio-Sinfonieorchester Stuttgart, Sergiu Celibidache. 1959. Livret en allemand et anglais. 75:29’.SWR Classic. SWR19118CD. 

Le label SWR classics propose une intéressante bande de concert de son orchestre radio-symphonique de Stuttgart, capté en 1959, sous la direction de Sergiu Celibidache. Ce document est intéressant à plusieurs titres. La décennie 1950 ne fut pas la plus facile de la carrière du chef roumain. En 1954, le décès du Furtwangler et l’avènement de Karajan à la direction du Philharmonique de Berlin, lui barre le podium de la phalange dont il fut le directeur musical de 1945 à 1952. Commence alors une période d'errance à travers différentes phalanges de niveaux très aléatoires. En Allemagne, il est un temps proche de l’orchestre de la Radio de Cologne avec lequel il effectue des concerts remarqués et 2 tournées triomphales en Allemagne et en Italie entre octobre 1957 et 1958. Cependant, un conflit éclata entre le Roumain, déjà sans concessions, et le management de l’orchestre ! Le chef refusera de diriger à nouveau cet orchestre. En 1958, il fait ses débuts à la tête du Radio-Sinfonieorchester Stuttgart sans se douter qu’il en sera le directeur musical entre 1971 et 1977. Le 17 septembre 1959, il dirige depuis la Villa Berg de Stuttgart un concert radiodiffusé sans public que SWR Classic nous propose sur cet album. 

La Symphonie n°102 de Haydn est vive et fine de traits. Certes la masse orchestrale est un peu épaisse, on entend un orchestre en tutti de cordes, mais la direction est bondissante et lumineuse : l’adagio respire et le menuet danse. Changement de ton avec la célèbre Symphonie n°6 “Pathétique” de Tchaïkovski. Dès les premières minutes, on est saisi par la retenue de la direction qui prend son temps à poser un climat sombre. Certes Celibidache sera encore plus lent dans ses dernières années, mais l'éditeur est déjà face à cette extension du tempo. Si récemment, nous écoutions Witold Rowicki imposer un Tchaïkovski plutôt instrumental et neutre, Celibidache tend l’arc dramatique au maximum avec une direction brassée qui fait exploser les contrastes et les dynamiques des nuances infinitésimales et tempêtes orchestrales. Le premier mouvement est une très grande réussite dans la gestion des transitions et du dramatisme avec un orchestre galvanisé et engagé à 200 %. Il faut attendre le “finale” pour se hisser au même niveau car dans les mouvements intermédiaires, malgré le brio de la direction, on sent l’orchestre en baisse de concentration et en mode plus automatique. 

Une archive que ne voudront pas rater les fidèles du chef roumain ! 

Son 7 -  Livret : 10 - Répertoire 10 - Interprétation 9

Pierre-Jean Tribot

 

 

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