Mozart sous le soleil auvergnat : l'ONA toujours en pleine lumière

par

Ombres et Lumières. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Quatuor en ré mineur KV.173, Symphonie N°35 KV 385 dite « Haffner ». Orchestre National d’Auvergne, direction : Enrico Onofri.  2021. 35'47'' Orchestre national d'Auvergne Live. 

En l’an 2000, dans le célèbre film Gladiator un des personnages principaux Antonius Proximo disait au héros Maximus au moment où ce dernier partait combattre pour la énième fois dans l’arène : « Nous ne sommes qu’ombre et poussière. ». Un postulat guère réjouissant pour les mortels que nous sommes. Deux décennies plus tard l’Orchestre National d’Auvergne convoque toujours l’ombre mais pour mieux chanter la vie et la lumière ! Dieu sait qu’en cette période où les ténèbres ne sont jamais loin nous avons besoin de clarté et de vitalité.  

Quelle merveilleuse idée que de faire appel au violoniste et chef italien Enrico Onofri pour diriger les troupes auvergnates à l’occasion de ce bref (35 minutes) mais incisif programme Mozart. Violon solo de l'ensemble Il Giardino Armonico, Onofri est une figure de la musique baroque. Ces dernières années nombreuses sont les rencontres entre des orchestres « classiques » et des chefs baroqueux qui ont donné lieu à de pures merveilles discographiques. Nous en voulons pour preuve les récents exploits dans Haydn de Giovanni Antonini comparse de toujours d’Enrico Onofri. Le pli est pris.  

Tiré d’une captation live d’octobre 2021 cet enregistrement - le neuvième de l’ONA - est livré sous format numérique. A cette période Onofri inaugure son mandat de chef associé à l’Orchestre National d’Auvergne. Pour cette première on notera un fil rouge autour de la note Ré qui unit les deux œuvres.  

D’abord l’ombre avec le Quatuor en ré mineur KV 173 tout en pudeur et en délicatesse. Une belle caresse musicale.  

La lumière ensuite avec la Symphonie N°35 dite Haffner. Au niveau de son interprétation et de la direction d’orchestre, comment ne pas goûter les fulgurances et toutes les nuances ? Même si nous n’atteignons pas l’embrasement d’un Nikolaus Harnoncourt au soir de sa vie (mais qui le peut ?), Onofri et les siens font merveille. Mention spéciale aux musiciens de l’ONA qui savent passer d’un répertoire à l’autre tout en gardant ses sonorités et son identité empreinte de précision et d’élégance. Après des débuts en fanfare où l’on devine le geste incisif du chef, l’Allegro laisse place à un Andante tout en noblesse et en grâce. Quelle éloquence ! Mozart ne cessera de toucher notre cœur dans ces mesures. Il y a du divin là-dedans et le chef italien sait en capter la moindre parcelle. On devine un gros travail au niveau des coups d’archets et au niveau des timbres, un dialogue entre deux ambitions. Les deux derniers mouvements sont presque à tombeau ouvert ! Le tonus de L’Enlèvement au sérail n’est pas loin, on jubile devant tant d’énergie !  

Lux Umbra Dei…  

 Son : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 9 

 Bertrand Balmitgère

 

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.