Anniversaire symphonique pour les 40 ans d’Orfeo
Legendary Conductors : Sir John Barbirolli, Karl Böhm, Sergiu Celibidache, Ferenc Fricsay, Wilhelm Furtwängler, Herbert von Karajan, Carlos Kleiber, Otto Klemperer, Hans Knappertsbusch, Dimitri Mitropoulos, Wolfgang Sawallisch. Oeuvres de : Beethoven, Brahms, Bruckner, Schubert, R.Strauss, Prokofiev, Tchaïkovski, Vaughan-Williams. Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Bayerisches Staatsorchester, Wiener Symphoniker, Wiener philharmoniker. 1951-1991. Livret en anglais et allemand. 10 CD Orfeo. 4 011790 200118.
Le label munichois Orfeo célèbre ses 40 ans ! Resté longtemps à la marge du marché (on se souvient que ses nouveautés n’étaient pas proposées en digital et que son service de presse était rarement coopératif), il a depuis été repris par Naxos et s’est redéployé à travers une exploitation intelligente de son vaste catalogue.
Dès lors, pour marquer le coup de son anniversaire, la firme réédite des coffrets thématiques dont le présent box est l’un des premiers commercialisés. En plus d’enregistrements propres, Orfeo a installé sa réputation avec des parutions consacrées à des archives présentant des grands orchestres dirigés par des baguettes prestigieuses. Les fonds immenses de la radio autrichienne et de la radio bavaroise ont ainsi permis la mise sur le marché de concerts légendaires ou de propositions éditoriales intéressantes. On retrouve cette philosophie dans ce coffret qui nous propose 12 chefs pour 4 orchestres et non des moindres : le Symphonique de Vienne, le Philharmonique de Vienne, le Symphonique de la Radio Bavaroise et l’Orchestre d’Etat de Bavière. Côté répertoire, du grand classicisme ainsi des programmes avec les “3B” : Beethoven, Brahms et Bruckner s’y taillent la part du lion.
Constituer un coffret anniversaire nécessite de placer quelques incontournables : une cursive Symphonie n°9 de Beethoven par Karajan au pupitre des Wiener Symphoniker en 1955, Symphonie n°4 de Bruckner à faire trembler le sol par Wilhelm Furtwängler et les Wiener Philharmoniker en 1951 ou un concert Schubert / Strauss en apesanteur avec Karl Böhm au pupitre du Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks ! Ces lectures sont comme des millésimes : des disques auxquels on ne cesse de revenir !
Mais la capacité du concert est d’aller parfois aux limites de l’interprétation et de pousser les musiciens dans leurs retranchements : Carlos Kleiber dans la Symphonie n°4 de Beethoven, Sergiu Celibidache dans les Préludes de Liszt, Ferenc Fricsay dans la “Pathétique” ou Sir John Barbirolli dans la Symphonie n°2 de Brahms semblent sur la corde raide, dirigeant parfois aux limites de la rupture mais galvanisant des orchestres étonnés des options interprétatives. Mais ces phalanges de renom tiennent le choc. Avec Dimitri Mitropoulos dans la Symphonie n°5 de Prokofiev avec l’Orchestre de la Radio bavaroise, on est même aux limites de la sortie de piste tant les prises de risques sont insensées. Il en va de même pour une Symphonie n°6 de Ralph Vaughan Williams par les Wiener Philharmoniker perdus dans une musique qu’ils semblent ne pas comprendre en dépit de la direction irradiante de Sir John Barbirolli.
Dans tout coffret, il y a des relatives déceptions et il en va ainsi d’un couplage Brahms / Beethoven bien raide d’Otto Klemperer avec les Wiener Symphoniker, d’une Symphonie n°1 de Brahms puissante mais au final routinière avec Sergiu Celibidache ou d’un concert Beethoven hors du temps et du style par Hans Knappertsbusch.
Notons que l’excellente Symphonie n°5 de Bruckner par Wolfgang Sawallisch à Munich est le seul enregistrement studio “Orfeo” de ce coffret. La qualité sonore est bien évidemment sans comparaison.
Le coffret reprend des enregistrements déjà édités au fil des ans et l’acheteur ne doit pas s’attendre à une remasterisation ou une nouvelle plus-value sonore. Le livret qui contextualise Orfeo et son histoire propose des biographies des différents Maestro.
Son : 5/10 Livret : 7 Répertoire : 10 Interprétation : 9
Pierre-Jean Tribot