C(H)OEURS ouvre la saison de La Monnaie

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© Chris Van der Burght

Spectacle inaugural de La Monnaie pour cette saison 2013-2014, C(H)OEURS était mis en scène par Alain Platel, chorégraphe gantois bien connu en Belgique, sur une commande de Gérard Mortier. Sur fond de célèbres musiques chorales de Verdi et de Wagner, un groupe de dix danseurs “opprimés” dialogue avec le choeur “opprimant”, lequel chante et joue. Cette “chorégraphie sociale” selon Platel, un peu facile, évoque les combats révolutionnaires de deux compositeurs pourtant éloignés au point de vue politique. La musique est-elle un langage commun qui les rapproche ? Peut-être, mais cela n’apparaissait pas trop. Quant aux textes pointus de Marguerite Duras, narrés très emphatiquement, ils augmentaient encore la perplexité du spectateur. Repli identitaire, indignation, “La révolution mange ses enfants” etc. Mais si le spectateur se tournait vers l’aspect purement musical de la soirée, il aurait trouvé un vrai bonheur. Le Coro Intermezzo du Teatro Real Madrid, dirigé par Andrés Maspero et l’Orchestre symphonique de la Monnaie sous la direction de Marc Piollet ont mené à bien ce panorama des plus belles pages des deux maîtres de l’opéra du XIXe siècle, dès le fracassant Dies iraedu Requiem de Verdi. Alternent ensuite, après un prélude de Lohengrin, le choeur des pèlerins de Tannhäuser, celui des esclaves de Nabucco ou le si prenant Patria oppressa de Macbeth. Le prélude du IIIe acte des Maîtres Chanteurs de Nuremberg clôturait le spectacle côté Wagner, avant une incongrue “Romance à l’étoile”. La coda était dominée par une reprise du Requiem de Verdi, puis des extraits de La Traviatapour une curieuse et un peu longue conclusion. Tous ces fragments lyriques ont été magnifiquement interprétés. Au niveau purement chorégraphique, il y eut de beaux moments aussi, mais on cherchait le fil conducteur. Il fallait bien lire le programme pour tenter de l’appréhender, ce qui est toujours un mauvais signe. Un spectacle musicalement réussi, avec de superbes moments de danse (les mains écarlates clignotantes, à la fin), mais l’ensemble m’a paru peu compréhensible. Cela arrive.
Bruno Peeters
La Monnaie, le 3 septembre 2013

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