Chostakovitch à l'honneur avec l'OPMC

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L'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo. rend hommage à Chostakovitch à l'occasion du 50ème anniversaire de son décès, dans un programme entièrement consacré au compositeur. La phalange monégasque est placée sous la direction de Dima Slobodeniouk qui fait son retour sur le Rocher après quelques années d’absences. 

Mais la star du concert c’est la légendaire Martha Argerich, adulée par le public venu en masse. Dans le Concerto n°1 pour piano, trompette et orchestre à cordes de Chostakovitch, elle est accompagnée par l’excellent Sergei Nakariakov. Martha Argerich est phénoménale. Elle possède toute l'agilité, la puissance et l'intensité expressive ainsi que le tempérament nécessaire pour en maîtriser les variations d'humeur. Chaque phrase est colorée et nuancée avec imagination. La virtuosité éclatante et la subtilité de son toucher ensorcelant sont assorties d'interpolations tout aussi incisives, virtuoses, volatiles et percutantes de Sergei Nakariakov.   Slobodeniouk savoure les éléments parodiques, réagit et provoque lorsque cela est nécessaire, tandis que les cordes excellent. Tout est parfait !

Après une standing ovation et de nombreux rappels, le public vit un moment de musique exceptionnel :   le dernier mouvement du concerto est bissé et l'interprétation semble encore plus riche et inventive.

Le concert avait  commencé avec la suite Katerina Ismailova op.114, tirée de l'opéra révisé Lady Macbeth de Mzensk. Elle se compse des entractes de l’opéra et oscillent entre raison et folie, leur énergie fulgurante perturbent l'équilibre de l'auditeur par une nervosité sinistre et une férocité implacable. L'interprétation de Slobodeniouk à la tête de l'OPMC. est habitée par une intensité sombre qui plonge le public dans des profondeurs d'angoisse inimaginables. 

En seconde partie, le chef et l’orchestre se lancent dans la Symphonie n°6. Le long et décanté Largo du premier mouvement est à la fois impressionnant et terrifiant par ses ombres sahariennes et tragiques. Le contraste est total avec les  deux mouvements rapides et burlesques suivants. Les tempi se font vertigineux et l’envolée frénétique de l'Allegro est vite dépassée par les outrances du Presto qui s’achève sur un air d’opérette hilarant.

L'interprétation de Slobodeniouk à la tête de l'OPMC est intense, expressive et tout en nuances. Elle est tour à tour grinçante, moqueuse, enveloppante, remarquable de subtilité. Le paysage sonore est époustouflant. Il tire le maximum de tous les pupitres. Cordes, bois, cuivres... Du piccolo au son aigu et strident, qui peut être aussi tragique que comique, à la grosse caisse qui roule des mécaniques.  Tout est là en dynamique, couleurs, tempi. Un grand chef qu'on aimerait entendre plus souvent.

Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, 4 mai 2025

Crédits photographiques : Manuel Vitali - Direction de la Communication

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