Christine Ott et Mathieu Gabry, deux « gouttes de neige »

par when did we start dating years

Singing Stones (volume 1). Christine Ott (1963-) et Mathieu Gabry (-). Snowdrops. 76’42". 2024. Livret: français et anglaise (en ligne). Gizeh Records. GZH117.

Si Christine Ott cultive les collaborations musicales bigarrées, servant des esthétiques multiples (le néo-classique avec Jean-Philippe Goude, le post-rock contemporain avec Oiseaux-Tempêtes, le rock avec Tindersticks, le folk avec Syd Matters), pour lesquelles elle pose ses compétences d’ondiste d’aujourd’hui, elle œuvre aussi pour sa propre usine, en solo comme dans Eclats, œuvres personnelles pour piano, ou, en duo avec Mathieu Gabry, sous le nom de Snowdrops.

Singing Stones (volume 1), à la mystérieuse photo de couverture dans la lignée de celle de Songs of a Lost World du groupe britannique post-punk The Cure, explore, dix ans après une première parution (suivie de deux autres), une série d’atmosphères qui oscillent du post-classique à l’ambient, avec un penchant revendiqué pour le deep listening théorisé par Pauline Oliveros – qui prône une écoute pleinement consciente plutôt qu’involontaire.

Sons acoustiques et analogiques se mêlent dans une densité ouateuse et hypnagogique (ce moment d’étrangeté entre la veille et le sommeil), Ott ajoutant le xylophone au piano et aux ondes Martenot et Gabry s’occupant des claviers (du piano à certains moments), du vibraphone et de la vielle à roue (un instrument à cordes frottées par une roue en bois) électrique. Pour la moitié des pièces, l’accordéon de Bartosz Szwarc et l’alto d’Anne-Irène Kempf enrichissent la palette de timbres, le premier alangui (The River), le second tailladant plaisamment la lumière (The Weather Project – référence au monumental soleil jaune du plasticien d’origine islandaise Ólafur Elíasson, exposé en 2003 à la Tate Modern de Londres).

Ligne de Mica, d’après l’œuvre minérale de Léa Barbazanges, en évoque les couleurs (intenses mais surtout) changeantes (selon l’angle de vue), à partir des variations proférées par les ondes Martenot, l’accordéon basse et le clavier analogique, mais ce sont deux longues pièces qui se partagent la majeure partie du sillon digital : Crossing chemine vers un lent envol éthéré, tandis qu’Arctic Passage trace une voie, de nuit, entre les blocs de glace orphelins de banquise des glaces – lugubre annonciation des soubresauts climatiques qu’accentue, avec toute l’ardeur du dollar, la reprise effrénée des forages pétroliers au pays de Donald.

Son : 7 – Livret : 6 – Répertoire : 7 – Interprétation : 7

Chronique réalisée sur base de l'édition digitale.

Bernard Vincken

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