Concert du Nouvel an à Vienne, du gros son et beaucoup, mais beaucoup, d’ennui….

par

Neujahrskonzert 2019. Wiener Philharmoniker, Christian Thielemann. 2019-Livret en allemand, anglais et français-1h49’53’’. 2 CD Sony 19075902822.

Avec la rigueur d’une horloge suisse (et l’Autriche est frontalière de la Suisse…), le concert du nouvel an tombe dans les bacs et sur les plateformes en ligne presque aussitôt après que les derniers applaudissements dans la salle du Musikverein de Vienne se soient estompés des écrans de télévision. Cela étant, ce qui était, il y a encore vingt ans, un exploit technique et logistique est devenu une routine devant laquelle on peine à s’extasier.

Routine, c’est sans doute le mot exact qui vient à l’esprit à l’écoute de ce nouveau cru. Depuis les miracles de Carlos Kleiber en 1989 et 1992, la routine s’est installée comme la norme commune de cet événement : aucune des baguettes prestigieuses qui lui ont succédé ne s’est révélée véritablement captivante, malgré quelques exploits isolés : Harnoncourt mais plus en 2001 qu’en 2003 ou l’étonnant Ozawa en 2002. Statistiquement, on s'ennuie ferme (et même très ferme) le 1er janvier en se réparant difficilement des excès du réveillon.

L’annonce de la promotion du très germanique Christian Thielemann au pupitre du concert avait laissé bon nombre de commentateurs sceptiques devant la capacité du colosse wagnérien de Dresde à faire virevolter les valses et fuser les polkas. Force est de constater que ce n’est pas aussi hors sujet que l’on pouvait le craindre, mais cela reste foncièrement routinier et sans le moindre style personnel. La baguette du maestro reste engluée dans des tempi lentissimes qui laissent jouer les pupitres des Wiener Philharmoniker, mais sans les galvaniser. L’orchestre est en pilote automatique et ronronne docilement sous une baguette qui multiplie les tics de chefs, en particulier dans les polkas…mais sans les faire exploser dans un feu d’artifice pyrotechnique façon Kleiber. Dommage car le programme s’écartait des tubes biens connus pour mettre en avant des pièces de Zieher, Hellmesberger ou Eduard Strauss.

Alors que Decca annonce une réédition imminente des enregistrements de Willi Boskowsky, violon solo des Wiener Philharmoniker et préposé au concert du nouvel an de 1955 à 1979, on préconisera à tous nos maestros de prendre un peu de temps pour réécouter les merveilles stylistiques de ce musicien. Véritablement viennois et nourri au biberon de cette musique, Boskowsky dirigeait une masse orchestrale allégée et souple, tellement plus satisfaisante que cette indigestion de gros son gras et bourré de calories jusqu’à l’indigestion…

Son 9 - Livret 9 - Répertoire 8 - Interprétation : 3

 

 

 

   

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