Prosit Nelsons Jahr !? Le concert du nouvel an 2020
Neujahrskonzert 2020. Wiener Philharmoniker, Andris Nelsons. 2020. 2 CD Sony Classical.
Le concert du nouvel an façon Andris Nelsons cela ressemble à la première rencontre entre un fiancé et ses beaux parents. Le futur gendre veut tout faire pour plaire à belle-maman, il enfile son plus beau costume, surveille son langage et ses manières et se montre sous son meilleur jour.
Vous l’avez compris, le fiancé propret c’est le talentueux chef letton, les beaux-parents le public, et la promise le Wiener Philharmoniker. La relation entre les deux tourtereaux remonte déjà à plusieurs années avec comme point d’orgue la récente intégrale des Symphonies de Beethoven.
250 ans du grand Ludwig, 150 ans de la création du Musikverein, cette édition 2020 se devait d’être une réussite. Le programme de cette année -très lisse et classique- ne laissait malheureusement guère d’espoir et de place aux sentiers battus en dehors des Contredanses du natif de Bonn (anniversaire oblige). Autrefois la consécration d’une carrière, aujourd’hui un coup de pouce médiatique et la reconnaissance d’un talent prometteur, l’invitation faite à Andris Nelsons en vue de prendre la direction de ce mythique concert semblait presque naturelle car il est déjà assurément une star de la direction d’orchestre. Nous avions cependant foi en Nelsons pour transcender cette musique trop souvent raillée, mal jugée.
Une heure et quarante huit minutes de Strauss père, fils, frère, de Ziehrer, de Hellmesberger Jr et consorts, cela peut sembler interminable surtout un 1er janvier à midi. Une sorte de bal musette pour gens de la haute société ! Et pourtant le Neujahrskonzert c’est bien plus que cela, une ode au raffinement, à la féerie et à la danse ! A condition bien sur d’avoir le chef adéquat. Nous repensons avec émotions aux légendaires prestations de Karajan (1987), Kleiber (1989/1992), Mehta I (1990), Harnoncourt I (2001), Ozawa (2002) ou plus récemment de Barenboim (2014). Que des chefs âgés en comparaison de Nelsons (41 ans) mais autrement plus festifs avec parfois même un petit grain de folie si salvateur en cet occasion ! Alors oui, Nelsons fait le job et plutôt bien même, mais sans idées ; n’oublions pas qu’il faisait là ses armes mais cela reste trop scolaire. Espérons qu’il aura une autre chance de briller cette fois par sa liberté et sa verve.
L' enregistrement sort comme chaque mois de janvier en CD, DVD et Blu-ray. Nous le recommandons surtout aux inconditionnels de cette grand-messe, aux fans du chef ou à ceux pour qui c’était leur première fois aussi. Nous gardons par exemple une affection toute particulière pour le concert 2000 qui était déjà avec Riccardo Muti. Espérons qu’il saura l’an prochain retrouver la même inspiration.
Son : 10. Livret. : 10 Répertoire : 8. Interprétation : 7
Bertrand Balmitgere