Copland et Dvořák s’habillent chez un tailleur italien 

par

Aaron Copland (1900-1990) : suite du ballet "Billy the Kid" ; Antonín Dvořák (1841-1904) : Symphonie n°9 en mi mineur, Op.95 “Du Nouveau monde”. , Gianandrea Noseda. 2019. Livret en anglais. 62’30’’. SACD NSO0001 

Le ballet Billy The Kid de Copland appartient à la période “américaine”, illustrant dans des mélodies simples et des thèmes narratifs, l’épopée du brigand. En dépit de nombreuses interprétations emportées au charisme par, entre autres, Leonard Bernstein ou Antal Dorati, il est permis de trouver cette musique un peu limitée malgré son brio d’orchestration. Baigné par la culture latine et les timbres des compositeurs français (Ravel et Debussy) ou italiens (Respighi ou Casella) qu’il connaît comme sa poche, le chef d’orchestre Gianandrea Noseda donne à cette musique une élégance inusitée par son travail sur les timbres. La narration est un peu émoussée mais la logique musicale bénéficie de l’élégance de la baguette et des sonorités capiteuses de la phalange américaine. L’originalité de cette approche fait de cette interprétation une nouvelle référence. 

La Symphonie n°9 “Du Nouveau monde” fut pendant des décennies l’un des tubes du disque, étalon de brio de phalanges et de chefs en soif de reconnaissance. Le temps de la crise du disque étant passé par là, l’oeuvre s’est faite assez rare et les gravures nous arrivent avec parcimonie. Dans ce contexte, cette nouvelle lecture est digne d’éloges. Noseda en fait chanter les mélodies et la narration avec un sens naturel de la respiration et de l’élan dramatique. C’est foncièrement musical et anti-spectaculaire. 

Avec cette galette "made in USA" par son choix d’oeuvres emblématiques de son identité, l’Orchestre National de Washington lance son propre label. Il est plaisant de retrouver cette phalange qui avait assez bien disparu des radars depuis le mandat de Leonard Slatkin à sa tête. Tout au long de ce programme, l’Orchestre est impressionnant de qualité autant dans ses pupitres que dans son homogénéité. La prise de son est exemplaire de richesse et de clarté. 

Ce disque est l’une des plus belles réussites artistique et technique de ce début d’année 2020 ! 

Son : 10 Livret : 10 Répertoire : 9 Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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