CPR Bach en concertos pour violoncelle

par

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) : Les Concertos pour violoncelle. Roel Dieltiens, Orchestra of the Eighteen Century. 2019. Livret en anglais, néerlandais, français et allemand. 74.10. Glossa GCD 921127.

Carl Philipp Emanuel Bach compte à son actif une abondante production de concertos pour clavecin dont l’écriture s’étale sur une cinquantaine d’années. Une dizaine ont été transcrits pour d’autres instruments, trois d’entre eux, au début des années 1750, étant destinés au violoncelle. Le deuxième des quatre fils musiciens du Cantor est alors établi à Berlin depuis une dizaine d’années, en qualité de musicien de chambre du Roi de Prusse, Frédéric le Grand ; c’est l’époque de la disparition de son père. La notice du CD, intitulée « Perpétuation et émancipation » nous présente un fils qui se situe entre l’amour pour le savoir paternel transmis et une libération par rapport à l’expression des sentiments et du lyrisme. Carl Philipp Emanuel va par ailleurs établir la forme sonate qu’utiliseront Mozart, Schubert et Beethoven. La signataire du texte, Anna Enquist, décrit ses sensations lors de répétitions pour le présent enregistrement, effectué dans une église du Keizersgracht à Amsterdam en mars 2019, quelques photographies de travail en noir et blanc à l’appui. On y voit notamment Roel Dieltiens, visage souriant, tenant son instrument réalisé par Martin Cornelissen en 1992.

Né en 1956, Roel Dieltiens a obtenu un Premier Prix au Conservatoire flamand d’Anvers avant de poursuivre sa formation à la Chapelle Musicale, puis avec André Navarra à Detmold et Pierre Fournier à Genève. Il est à la tête d’une abondante discographie où voisinent les Suites pour violoncelle de Bach père avec des maîtres italiens comme Vivaldi ou Boccherini, mais aussi Brahms, Schubert, Kodaly, Messiaen ou Martinu. La séduction des concertos pour violoncelle de Carl Philipp Emanuel Bach est grande ; la transcription entraîne des modifications tant pour le soliste que pour l’orchestre, modifications d’où découle la nécessité d’un jeu qui soit à la fois lyrique et limpide, altier et vigoureux, techniquement équilibré et représentatif d’une « expressivité intime », cette Empfindsamkeit défendue par le compositeur qui en est un adepte convaincu. Roel Dieltiens insuffle à ces trois concertos, construits chaque fois en trois mouvements, une énergie sobre et un chant qui unit la finesse à la souplesse et à l’élasticité de la lecture. Son approche est franche, nette et directe.

On aimerait qu’en ce qui le concerne, l’Orchestra of the Eighteen Century empoigne ces partitions fougueuses et entraînantes avec plus de mordant ; on a parfois la sensation que son leader, Marc Destrubé, se contente d’accompagner, effet accentué peut-être par une prise de son qui place la formation en retrait. Lorsqu’on a dans l’oreille le souvenir de Bylsma avec Gustav Leonhardt, de Christophe Coin avec le Barroca de Séville ou de Jean-Guihen Queyras avec l’Ensemble Resonanz, ce nouveau programme du label Glossa ne peut entrer en concurrence. Reste la belle prestation personnelle de Roel Dieltiens que l’on saluera pour sa chaleur et son engagement.

Son :  7 Livret :  7 Répertoire : 9  Interprétation : 7

Jean Lacroix 

 

 

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