Cristian Măcelaru dynamise l'OPMC

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Cristian Măcelaru est de retour au pupitre de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo pour ce second concert de la série estivale des Concerts au Palais princier. Il est accompagné par la jeune violoniste María Dueñas, l’un des noms qui s’impose dans le le milieu, portée par son contrat avec   Deutsche Grammophon. 

On remarque d’emblée des qualités indéniables : fraîcheur et tempérament juvéniles, sensation naturelle et intacte, maîtrise technique de l'instrument, son noble et personnel, joie de jouer tout en sourire... Est-ce suffisant pour conquérir l'auditoire ? Le Concerto pour violon n°1  de Max Bruch est une des œuvres favorites du public.  María Dueñas  semble avoir des difficultés malgré son sourire craquant. Il fait très chaud et humide, l'archet ne tient pas la route et de nombreux passages sont troubles. 

Cristian Măcelaru  soutient la jeune soliste dans un tempo détaillé et avec une dynamique soigneusement contrôlée, mais le résultat est décevant. Le dernier mouvement "presto stretta" majestueux et virtuose qui devrait terminer en feu d'artifice est plat. L'applaudimètre ne répond que modérément.  María Dueñas  dépose son bouquet à l'arrière de la scène et les applaudissements s'arrêtent. On est privé du bis virtuose qui aurait pu rattraper la performance.

Une présence sur la célèbre  label jaune n'est plus un critère de qualité pour d’emblée situer le niveau d’un artiste. Aujourd'hui les pochettes des albums présentent des artistes en robes transparentes, des portraits au bord de l'eau... un catalogue d’albums conceptuels aux titres bassement marketing accompagnés de ces photographies esthétiques mais vaines. Rendez-vous de la musique.

Francesca da Rimini, fantaisie symphonique de  de Tchaïkovski est un maltröm musical, plein de puissance, d'émotion, d'amour et de mort. C'est un défi incroyable pour l'orchestre et c’est une œuvre très sous-estimée. Sa combinaison de sons sombres et turbulents et de mélodies d'un autre monde perçant cette obscurité est magique.

L'interprétation de Macelaru et de l'OPMC  est tour à tour effrénée, séraphique, sauvage, imprévisible, divine. Le concert se termine par le pétaradant  Capriccio Italien de Tchaïkovski.

Le chef  donne une excellente performance. C'est un plaisir de le regarder diriger parce que Tchaïkovski était un si grand orchestrateur, que c'est intéressant de voir comment il lance les mélodies d'une section à l'autre. C'est un de ces morceaux de musique qui est encore plus amusant quand on connaît l'histoire. Cette fanfare de trompette du début était le clairon qui réveillait Tchaïkovski chaque matin alors qu'il séjournait dans un hôtel à côté d'une caserne militaire, iIl se levait et commençait à composer.  Le programme de cette pièce ressemble à ceci : "Réveillez, réveillez-vous ! C'est une belle matinée ensoleillée à Rome, alors que la lumière se propage à travers la ville. Il fait maintenant beau et nous partons pour une balade à travers la péninsule italienne, jusqu'à Florence pour écouter une chanson folklorique florentine, puis jusqu'à Tarente pour danser la Tarentelle ! Enfin, un magnifique coucher de soleil avec l'orchestre au complet qui entre en scène. Les cuivres de l'OPMC  sont prodigieux. Il n'y a rien de tel que d'entendre cette pièce en live. C'est du pur théâtre et un spectacle incroyable d'imagination et d'excitation orchestrale. Joué par les meilleurs, comme ici, c'est tout simplement miraculeux, une merveille d'ivresse et d'émotion.

Monaco, Palais Princier,  18 juillet 2024

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : Christophe Abramowitz

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