Daniel Lebhardt parfait dans des petits Menuets de Schubert

par

Franz Schubert (1797-1828) : 8 Ländler, D. 378 ; 5 Écossaises, D. 697 ; 20 Menuets avec Trios, D. 41 ; 2  Écossaises, D. 783. Daniel Lebhardt, piano. 2019. 51’46. Livret en anglais et en allemand. 1 CD Naxos. 8.574145.

Schubert a écrit des centaines de ces petites danses toutes simples, de toutes origines : de Vienne bien sûr, telles les valses et les Ländler, mais aussi d’Écosse, d’Allemagne, de France... Elles sont souvent regroupées en recueils. Si elles possèdent toutes un certain charme, parfois même un certain chic, l’écoute continue de tout un recueil, que ce soit en concert ou en disque, s’évère inévitablement un peu monotone. Ils sont en effet souvent constitués d’une seule danse, parfois toutes dans la même tonalité. Ces danses sont écrites pour être dansées, a fortiori enchaînées les unes aux autres.

C'est malheureusement la limite de cet enregistrement. Les 8 Ländler en si bémol majeur D. 378 sont tellement courts (une demi-minutes chacun) que l’on n’a pas le temps de se lasser. Et puis, Schubert y est tellement élégant et délicat que l’on est sous le charme ! Les 5 Écossaises en la bémol majeur D. 697 sont tout aussi courtes (ainsi que les 2 Écossaises en ré majeur D. 783, qui terminent le CD), mais un peu plus rustiques. La présence de Schubert y est moins touchante.

Mais ce sont surtout les 20 Menuets avec Trios D. 41 (la pochette indique 30 Menuets ; c’est en effet le titre de ce recueil, qui en contenait bien 30 au départ, mais -ainsi que l’explique le texte- 10 ont été perdus), qui sont un peu fastidieux à écouter attentivement d’un bout à l’autre. Nettement plus longs (ou moins courts) que les autres, puisqu’ils durent en moyenne un peu plus de deux minutes, leur écoute en continu nous emmène dans trois quarts d’heure de menuets, toujours charmants, parfois même raffinés, mais avec de trop rares moments où l’on tend l’oreille. Certes il y a les changements apportés par les trios centraux, qui permettent une certaine détente. Mais nous aurions besoin d’être plutôt un peu bousculés, au contraire !

Heureusement l’interprétation est excellente, et tendrait plutôt à donner du relief. Daniel Lebhardt a un toucher précis, réalise d’exquis ornements, conduit fort habilement ses phrases, use de peu de pédale, donne le poids voulu dans le grave quand nécessaire...

Naxos annonce un deuxième album consacré aux danses de Schubert, enregistré simultanément par ce jeune pianiste hongrois bardé de prix internationaux. Cette fois, il consistera surtout en Ländler. Nous avons bon espoir que son écoute nous plonge davantage dans le monde de Schubert.

Son : 9 – Livret : 8 – Répertoire : 7 – Interprétation : 9

Pierre Carrive

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