Deuxième volume des Sonates en trio de Buxtehude par un Arcangelo tout en finesse

par

Dietrich Buxtehude (1637-1707) : Sonates en trio BuxWV 259-265. Arcangelo. Sophie Gent, violon. Jonathan Manson, viole de gambe. Thomas Dunford, luth. Jonathan Cohen, clavecin. Février 2020. Livret en anglais, français, allemand. TT 71’20. Alpha 738

Quatre ans après l’enregistrement de l’opus 1 (1694) chez le même label, l’ensemble Arcangelo nous revient avec l’opus 2 de ces Sonates publiées à Lübeck en 1696. Cette fois, Johann Wiedemeyer en finança l’édition, endossant le succès du précédent recueil tiré à compte d’auteur sur les deniers de Buxtehude. Elles témoignent autant du goût latin que du septentrional Stilus Phantasticus pour la structure et le contraste du discours : un panel de « sonata concertata » avant que Corelli ne standardise les genres da camera et da chiesa.

Un répertoire chambriste qu’abordèrent avec bonheur le Trio Sonnerie (ASV), le Boston Museum Trio (Harmonia Mundi), Musica Antiqua Köln (Archiv), Capriccio Stravagante (le superbe Abendmusik de mai 1992 chez DHM), Manfredo Kraemer & Juan Manuel Quintana (Harmonia Mundi), le Purcell Quartet (Chandos)… L’interprétation de notre quatuor est peut-être la plus délicate et diaphane de toutes. La copie de Donzelague jouée par Jonathan Cohen tamise un soyeux et discret écheveau, l’inventif luth de Thomas Dunford prodigue de subtiles paillettes d’italianita. Le Jacobus Steiner de 1686 ravit par ses teintes boisées dont Sophie Gent soutire un phrasé fluide, lustré, expressif, mais non dominateur. Tant mieux pour la pudique viole de Jonathan Manson qui profite d’un commerce équilibré entre les archets.

Ce sont le lyrisme, la poésie qui triomphent ici de ce précieux camaïeu de timbres, lequel ne laisserait désirer qu’un surcroît de relief, estompé par une captation un peu compacte quoique chatoyante. Autre minime regret : le tracklisting (une plage par sonate) aurait pu nous offrir un découpage plus fin qui permît à l’auditeur de mieux saisir l’architecture interne des mouvements. Rien qui n’entache le plaisir d’entendre cette réalisation raffinée, auscultant les moindres irisations des partitions, leurs assauts et leurs émouvantes fragilités.

Son : 8 – Livret : 9 – Répertoire : 9 – Interprétation : 9

Christophe Steyne

 

 

 

 

 

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