Double anniversaire : Haitink, 90 ou Beethoven, 250 ?

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : concerto n°2 en si bémol majeur pour piano et orchestre, op. 19 ; triple concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre en do majeur, op. 56.  Maria João Pires, piano (op. 19); Lars Vogt, piano (op. 56); Gordan Nikolitch, violon ; Tim Hugh, violoncelle ; London Symphony Orchestra, Bernard Haitink, direction. SACD-©2019, enregistrements de 2005 (op.19) et 2013 (op.56) - 66'52" - Livret en anglais, français et allemand - London Symphony Orchestra - LS00745

Les 90 ans de Bernard Haitink ont été marqués par un coffret de 11 CD's de cette dernière décennie à la tête du Bayerische Rundfunk et après celui de 36 CD's avec le Concertgebouw en 2014. Est-ce pour rappeler l'affinité du chef hollandais avec Beethoven que paraît ce CD qui exhume ces deux (anciens) enregistrements de 2005 et 2013 avec le London Symphony Orchestra (LSO), le premier orchestre londonien, qui s'est produit dès 1904 avec Hans Richter comme chef ? C'est en effet avec le LSO que Haitink avait réalisé sa troisième intégrale des neuf symphonies en 2005-2006. Sa première datait de 1975-1977 avec le London Philharmonic Orchestra (LPO), l'orchestre fondé par Sir Thomas Beecham et Sir Malcom Sargent en 1932 pour "concurrencer" le LSO et le BBC Symphony Orchestra tandis que la deuxième a suivi avec le Concertgebouw en 1985-1987.


Le CD s'ouvre avec l'ainsi catalogué Concerto n°2 alors que probablement le premier écrit et joué en public en 1795 avec son auteur au clavier. L'orchestre en est réduit : pas de clarinettes, de trompettes ou de timbales. Une structure classique mais perturbée par des changements abrupts de tonalités "à la Haydn", toute la fougue du jeune Beethoven y est présente. On retrouve ici la légèreté de toucher et les magnifiques phrasés que l'on connaît à Maria João Pires. Haitink ne mène cependant pas son orchestre au même enthousiasme que la soliste.

L'opus 56 a longtemps été le mal-aimé des concertos de Beethoven. Dans le mythique ouvrage de Jean et Brigitte Massin de 1960, pourtant bien documenté pour l'époque, il est classé dans les compositions non reprises dans les Notices sur les oeuvres. Ou les renseignements historiques font défaut à son sujet, ou ils ne nous ont pas semblé susceptibles d'intéresser le lecteur, écrivent les deux auteurs. Aujourd'hui, on sait que cette partition obéissait à une motivation de Beethoven d'élargir le spectre de la forme concerto, vu la présence d'instrumentistes de plus en plus virtuoses dans les orchestres. L'ambiguïté fondamentale subsiste donc ; s'agit-il d'un concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre ou d'un concerto pour trio avec piano et orchestre ? La première option est évidemment celle qui est choisie dans la version épique de Richter, Oistrakh, Rostropovitch, Karajan et le Berliner Philharmoniker, la seconde par Myung-Whun Chung et ses sœurs avec le Philharmonia Orchestra.

La version enregistrée ici était déjà parue dans le coffret de symphonies. Haitink y garde son orchestre en retrait tandis que Vogt privilégie l'articulation et l'expressivité et, en domptant parfois sa fougue naturelle, il se met en belle fusion avec ses deux partenaires, titulaires des premiers pupitres de l'orchestre.

En bref, un CD agréable mais non indispensable si l'on dispose déjà de versions de références.

Son : 8-Livret : 9-Répertoire : 10-Interprétation : 8


Jean-Marie André

 

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