Drames symphoniques

par
Chosta

Dimitri CHOSTAKOVITCH
(1906 - 1975)
Intégrale des symphonies
Natalia MURADYMOVA (soprano), Piotr MIGUNOV (basse), Lev KONTOROVICH (chef des chœurs), Orchestre National du Tatarstan, dir. : Alexander SLADKOVSKY
DDD–2017–13 Cds–Livret de présentation en russe et en anglais–Melodyia MEL CD 10 02470

On n’arrivera sans doute jamais à épuiser la richesse extraordinaire des quinze symphonies de Dimitri Chostakovitch, dont la composition s’échelonne de 1926 à 1972. Aucune d’entre elles ne laisse à désirer. Elles forment un bloc compact, qui raconte à la fois la vie du musicien pétersbourgeois et les soubresauts de l’histoire si mouvementée du XXe siècle, en particulier celle de l’Union soviétique, avec laquelle elle est, comme personne ne l’ignore, intimement liée. Y compris dans ses écarts et ses dérives, le meilleur exemple étant, à coup sûr, la Symphonie n° 9 en mi bémol majeur achevée en 1945. Staline et sa garde rapprochée au Kremlin s’attendaient à ce que pour fêter la Libération, Dimitri Chostakovitch écrivît une œuvre grave et dramatique à la gloire de l’URSS et en hommage aux innombrables victimes de la Seconde Guerre mondiale. Or cette symphonie en cinq mouvements est, tout au contraire, une œuvre plaisante et badine, presque farfelue (encore que deux des cinq mouvements soient plus sombres). Et si elle a, dit-on, provoqué la colère de Staline, elle s’est vite imposée à travers le monde. Qu’on écoute la version de Leonard Bernstein à la tête du Wiener Philharmoniker : elle est criante d’ironie. Laquelle ironie, il faut en convenir, affleure aussi fort bien dans celle qu’en donne aujourd’hui Alexander Sladkovsky avec l’Orchestre National Symphonique du Tatarstan.
D’une manière générale d’ailleurs, leur exécution des quinze symphonies est fort bonne et pour ainsi dire toujours solide. Elle met en tout cas fortement l’accent sur le fait qu’elles constituent d’authentiques drames musicaux – les cris, les plaintes, les râles, les éclats, les douleurs, les larmes, les cauchemars, les malheurs, les rires moqueurs d’un compositeur qui s’est mis corps et âme dans son art et l’a porté à un degré inouï d’incandescence. Elle est là, la modernité de Dimitri de Chostakovitch : non pas une nouvelle manière d’écrire la musique, mais bel et bien une toute nouvelle vision de la musique. Et voilà pourquoi on n’arrête plus de la jouer et de l’enregistrer.
Jean-Baptiste Baronian

Son 9 – Livret 6 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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