Ferventes pages pour violoncelle et orgue dans la Saxe romantique

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Oskar Wermann (1840-1906) : Zwei Vortragsstücke Op. 92. Largo religioso en fa majeur. Largo religioso en fa mineur Op. 24. Präludium und Fuge über die Töne des Glockengeläuts der Kreuzkirche zu Dresden Op. 146. Zwei Stücke Op. 72. Sonate en sol mineur Op. 58. Gustav Merkel (1827-1885) : Arioso en ut majeur Op. 55. Adagio religioso en fa majeur Op. 114. Fuge über Bach en si bémol majeur Op. 40. Max Reger (1873-1916) : Aria en ut majeur Op. 103a. Hannah Vinzens, violoncelle. Gordon Safari, orgue. Livret en anglais, français, allemand. Septembre 2020. SACD. TT 72’49. MDG 903 2206-6

Dans la notice du CD L’orgue chambriste, Du salon à la salle de concert, Quentin Guérillot indiquait que la Sonate pour violoncelle et orgue de Marcel Dupré semble le seul témoin français du genre. Mais on trouve d’autres exemples hors de l’hexagone, notamment cet opus 58 (peut-être le premier avatar en terre allemande) d’Oskar Wermann, un des deux compositeurs saxons, contemporains de Brahms, réunis dans ce SACD. Ce disque rassemble l’intégralité des pages pour violoncelle et orgue qu’on leur connait, au sein de catalogues relevant principalement du répertoire religieux. Wermann devint d’abord instituteur comme son père, mais étudia la musique avec celui de Clara Schumann. Il fréquenta ensuite le Conservatoire de Leipzig et accéda au poste de Cantor qu’il conserva jusqu’à sa mort. Gustav Merkel, organiste des églises Kreuzkirche et Hofkirche de Dresde, lui enseigna, puis collabora avec lui pour la rédaction d’un recueil liturgique (Landeschoralbuch). On glanera de larges sélections de l’œuvre d’orgue de Merkel, dont les Sonates, sous les doigts d’Adrian Partington (Priory) ou d’Halgeir Schiager (Simax) ; pour une anthologie aisément trouvable, voir Carlo Guandalino chez Brilliant.

Les opus 58, 72 et 92 de Wermann sont dédiés à des solistes de la Hofkapelle. Ces pages pour violoncelle et tuyaux représentaient une alternative instrumentale au chant escorté par l’orgue, et conquirent une place appréciée de la congrégation lors des vêpres. Si tard qu’en 1908, Max Reger vantait encore à son éditeur ces cantilènes d’essence sacrée, qui pouvaient aussi s’accompagner au piano, dans le cadre domestique de la Hausmusik. À l’ère romantique, les tribunes s’amplifièrent et la registration visait à imiter les ressources sonores de l’orchestre, sa palette de timbres et ses nuances dynamiques. À l’instar des 62 jeux sur trois claviers et pédalier du Jehmlich de la Christuskirche de Dresde-Strehlen (1905), choisi pour ce récital. On l’entend en soliste dans le pittoresque diptyque sur le carillon de la Kreuzkirche, et l’ingénieuse fugue sur les initiales BACH.

Le fait qu’il « ait été récemment remis dans son état antérieur et que l’on ait pu réaliser l’enregistrement sur cet instrument peut être considéré comme une véritable aubaine » écrivent les deux interprètes dans leur livret de présentation. Établis à Salzbourg, ils nous proposent un parcours abordé avec toute la sensibilité requise, d’une parfaite osmose d’intentions (la superbe conclusion en tuilage du premier mouvement de la Sonate !). Rompue aux pratiques historiquement informées, Hannah Vinzens joue un violoncelle napolitain de 1756. Un émouvant florilège, riche d’atmosphères ferventes et charmeuses.

Son : 8,5 – Livret : 9 – Répertoire : 7,5 – Interprétation : 9

Christophe Steyne

 

 

 

 

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