Glazounov au pays des Soviets

par

Alexandre GLAZOUNOV (1865-1936)
Les Saisons, ballet opus 67-Chopiniana opus 46
Orchestre Symphonique de la Radio Télévision d'Etat de l'URSS, dir.: Boris KHAIKIN (opus 67), Orchestre Symphonique Académique d'Etat de l'URSS, dir.: Evgeny SVETLANOV (opus 46)
1960-1990-ADD-54'42-Textes de présentation en anglais, français et russe-Melodiya MEL CD 10 02085
Si la plus grande partie de l'oeuvre orchestrale de Alexandre Glazounov est restée, en Europe occidentale du moins, pratiquement inconnue, il n'en a pas été de même, par contre, de son ballet Les Quatre Saisons. Cette page a au contraire toujours bénéficié d'une célébrité à laquelle le fameux thème de sa dernière partie – Automne – n'est sûrement pas étranger. Ernest Ansermet, en tout cas, ne l'avait pas trouvée indigne de son talent et l'avait enregistré de splendide façon pour Decca en 1966, une référence qui fait toujours date. Il suivait en cela le compositeur en personne, qui en avait proposé sa propre version dès 1929. Peu après le chef suisse, le méconnu mais excellent Boris Khaikin, davantage renommé pour deux Khovanchtchina de Moussorgsky virtuellement insurpassables, en donnait sa vision en 1969, celle qui nous est proposée aujourd'hui. Lecture vibrante, solide, typique des années soviétiques, à laquelle il manque seulement ce rien de souplesse que l'on trouvait chez Ansermet, vieil habitué des exigences de la musique de danse, lui qui avait fait ses premières armes aux ballets russes de Diaghilev. Plus tard, Svetlanov allait s'imposer et rejeter Khaikin dans l'ombre, bien à tort d'ailleurs car, si l'on accepte un son seulement correct, nous avons ici du travail d'orfèvre, plein de vitalité et de conviction. Parmi la multitude des opus sortis de la plume de Glazounov, Chopiniana ne compte pas parmi les plus joués. En 1990, Svetlanov en offrait une lecture de bon aloi mais ne parvenait guère à donner des ailes à cette orchestration assez lourde et peu inspirée de quelques-unes des pièces pianistiques les plus célèbres du compositeur polonais. Regrettons que l'éditeur n'apporte pas davantage de soin à ces rééditions: si le packaging est honorable, le résultat sonore aurait pu être perfectible, en profitant des techniques de restauration modernes.
Bernard Postiau
Son 8 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation: 10

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