L’apothéose d’une pensée musicale du 16e siècle

par

Roland de LASSUS (1531-1594)
Œuvres vocales religieuses et profanes
Claudia REINHARD soprano, Klaus WENK ténor, Markus ZAPP ténor, Manuel WARWITZ ténor, Reiner SCHNEIDER-WATERBERG baryton, Marcus SCHMIDT basse
2012 - 57’14 - Notice en français, néerlandais, anglais, allemand - Musique en Wallonie
Ce deuxième volume édité sous la collection de « Musique en Wallonie » ravit par sa riche teneur tant sonore que textuelle. Il est accompagné d’un livret multilingue fournissant la traduction des textes chantés et une explication claire et détaillée d’un répertoire encore peu enregistré et popularisé. Né à Mons, Roland de Lassus a mené l’essentiel de sa carrière à la cour de Bavière, produisant aussi bien des œuvres profanes pour agrémenter les plaisirs de la Cour que des œuvres religieuses (110 magnificats et 67 messes) qui répondent à ses fonctions de compositeur de la Chapelle. Reconnu de son vivant et même édité hors d’Allemagne (Rome, Paris, Venise), le «divin Orlando» charme ses contemporains par son esprit audacieux et instruit qui transpose tout aussi merveilleusement l’humour léger d’un de ses poètes préférés, Clément Marot, que les poésies de Pétrarque magnifiant Laure. Sa polyphonie complexe comme sa virtuosité contrapuntique en font un maillon indispensable de l’histoire de la musique.
L’interprétation livrée ici témoigne d’un profond travail s’appuyant sur un timbre égal entre les interprètes, car chaque ligne individuelle s’enlace avec les autres dans un souci d’homogénéité. La messe On me l’a dict repose sur une chanson de Pierre Certon publiée à Paris en 1539 sur le modèle syllabique et l’ensemble vocal propose en l’occurrence une version dotée d’un parfait respect stylistique, sans enflure et sans sévérité ainsi que d’une précise intelligibilité textuelle. Vous qui aimez les dames est une fantaisie franco-latine selon le principe de la farcissure (alternance des langues), réalisée avec brio. Une très appréciable justesse vocale vient clarifier la belle et harmonie évolutive de Lassus. Certes, on dissocie aisément les tessitures des chanteurs, mais l’alliance de tous s’attache à façonner et polir élégamment une seule et unique ligne de conduite au sein d’une riche superposition. Tout un art de la polyphonie, conscientisé et formulé dans un esprit respectueux de l’époque. Lassus est restitué avec modestie et élégance dans un choix d’œuvres varié et pertinent.
Marie-Sophie Mosnier
Son 9 - Livret 9 - Répertoire 9 – Interprétation 9

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