Haydn et Schumann avec Paavo Järvi et le DKAM à Brême

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Ce jeudi 4 mai a lieu le concert de la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême avec son directeur artistique, Paavo Järvi. Au programme, le Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur, op. 129 de Robert Schumann ainsi que deux des symphonies londoniennes de Haydn : la Symphonie n°93 en ré majeur Hob I:93 et la Symphonie n°104 en ré majeur Hob I:104 « London ». La soliste du soir n’est autre que la virtuose argentine, Sol Gabetta.

Le concert débute avec la Symphonie n°93 en ré majeur, Hob I:93 de Haydn. C’est la première des 12 symphonies londoniennes bien qu’elle ait été composée après les Symphonies n°95 et n°96. L’introduction, Adagio, du premier mouvement est solennelle avant que l’Allegro assai ne vienne animer l'interprétation que livre l’orchestre. Ce dernier s’implique à 100%. Il y a une cohésion flagrante entre tous les musiciens, particulièrement chez les cordes où chacun des cinq pupitres a un son parfaitement homogène. Le Largo Cantabile commence avec un très beau trio constitué de Jonathan Stone (konzertmeister), de Marta Spārnina (cheffe du pupitre des seconds violons) et Friederike Latzko (cheffe du pupitre des altos). Le début du mouvement, assez tranquille, devient bien plus imposant avec l’arrivée des timbales. L’harmonie ressort bien à l’instar du très beau solo de hautbois vers la fin du mouvement. Cette fin est d’ailleurs rendue quelque peu humoristique par le chef Paavo Järvi, ce qui ne manque pas de faire rire l’assemblée. Les troisième et quatrième mouvements sont remplis de contrastes. Une joyeuse énergie régit l’interprétation musicalement bien ficelée de ces deux derniers mouvements.

Après cette symphonie, dont l’interprétation ravit le public, place au Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur, op. 129 de Robert Schumann. Cet ouvrage en trois mouvements se donne sans coupures entre les parties. Nous retrouvons la talentueuse violoncelliste Sol Gabetta soliste. L’interprétation est maîtrisée de main de maître par tous, chacun connaît son rôle. Ainsi l’orchestre est un soutien sans faille pour la soliste ce qui lui permet une certaine liberté. Elle exprime habilement le texte musical avec des contrastes de caractères et de nuances. Ainsi les premier et troisième mouvements sont joués avec une conviction profonde. La précision est de mise aussi bien dans les différentes interventions qu’au niveau de la justesse, que ce soit dans le registre grave ou aigu du violoncelle. Le deuxième mouvement est quant à lui abordé avec lyrisme à l’instar des duos avec le chef du pupitre des violoncelles, le Belge Marc Froncoux.

Ce sont des moments de complicité et de musicalité bienvenus. La transition entre les deux derniers mouvements s’intensifie de plus en plus pour nous amener dans la dernière partie. Comme son nom l’indique, Sehr lebhaft, ce dernier mouvement est très vivant. Vers la fin, un style de cadence permet à Sol Gabetta de montrer une fois de plus le talent dont elle fait preuve. Elle vit intensément la musique tout comme les musiciens de l’orchestre et Paavo Järvi, l’accompagnant tantôt avec attention, tantôt avec vigueur et brio dans les passages tutti du concerto.

Un grand succès auprès du public qui acclame longuement les artistes en les ovationnant et en tapant des pieds. Pour le remercier, Sol Gabetta, Paavo Järvi et le Deutsche Kammerphilharmonie interprètent avec délicatesse une pièce de Tchaikovsky : Lensky’s Aria.

Après la pause, place à la Symphonie n°104 en ré majeur Hob I:104, dite « Londres ». Cette œuvre, composée en 1795, est la douzième et dernière des symphonies londoniennes que Haydn a composées. À l’instar de la Symphonie n°93, l’interprétation de cette symphonie est excellente. Chaque mouvement a son propre caractère : le premier est joyeux, le deuxième est intense, le troisième est entraînant et le dernier est fougueux. Autant dire que l’on ne s’ennuie pas et que cette interprétation malicieuse nous captive du début à la fin. Ces deux symphonies d’Haydn sont la quintessence même de sa musique, et de la musique classique pourrions-nous même dire. Le public ne s’y trompe pas et acclame vivement les artistes du soir

En conclusion, Paavo Järvi et la Deutsche Kammerphilharmonie ont fait montre de musicalité en construisant intelligemment chaque pièce. Les musiciens sont totalement engagés dans leur prestation. L’harmonie se démarque par sa justesse et les interventions solistes tandis que les cordes jouent avec une intensité rarement vue. Et le timbalier, par ses interventions, colore subtilement le discours musical.

La salle comble se voit gratifier par un bis enjoué : Tritsch-tratsch polka de Johann Strauss II.

Brême, Die Glocke, 4 mai 2023

Crédits photographiques : DR

Thimothée Grandjean, Reporter de l’Imep.

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