Heinz Rögner en concert : un beau portrait d’un chef trop oublié 

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Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)  : Mer calme et heureux voyage, Op.27 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) :  Symphonie nᵒ 6 en fa majeur “Pastorale”, Op.68 ; Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie  n°8 “Inachevée” en si mineur, D. 759 ; Quatuor à cordes en ré mineur D. 810 dit « La Jeune Fille et la Mort » (version pour orchestr à cordes) ; Max Reger (1873-1916) : Variations et Fugue sur un thème de Mozart, Op.132 ; Maurice Ravel (1875-1837) : Le Tombeau de Couperin ; Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°6 en la majeur, WAB 106 ; George Gershwin (1898-1937) : Un américain à Paris. MDR-Sinfonieorchester und MDR-Kammerphilharmonie, direction : Heinz Rögner. Enregistrements de concert 1994-2001. Livret en anglais et allemand. 4 CD Genuin. 22742   

Le label Genuin rend hommage au chef d’orchestre Heinz Rögner (1929-2001). Complètement tombé dans l’oubli, ce musicien fut l’un des piliers de la vie musicale de la République démocratique allemande. Élève de Hugo Steurer pour le piano, d’Egon Bölsche pour la direction d'orchestre et d’Otto Gutschlicht pour l’alto, il occupa des postes de l’autre côté du Rideau de fer : Kapellmeister au Deutsches Nationaltheater et Staatskapelle Weimar, puis Directeur musical de l'orchestre de la radio de Leipzig puis de celui de la radio de Berlin. Professeur recherché, il enseigna à la Hochschule für Musik und Theater Felix Mendelssohn Bartholdy de Leipzig et à la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin. Très apprécié au Japon, il fut chef d'orchestre principal du Yomiuri Nippon Symphony Orchestra de Tokyo. 

De sa discographie officielle pour le label Eterna, label officiel de la RDA, les mélomanes émérites chérissent des lectures des symphonies de Bruckner (de la n°4 à à la n°9), gravées au pupitre de l’Orchestre de la Radio de Berlin. Il faut dire que ces lectures rapides et burinées sont à part dans la discographie, un Bruckner minéral qui a ses adeptes.  On lui doit également des gravures des symphonies n°3 et n°6 avec ce même Orchestre de la Radio de Berlin, des lectures cursives et parcourues d’une ambiance bourrue et acidulée qui flaire l’ail et la bière.  

Dès lors, au regard de la disponibilité aléatoire de ces gravures officielles Eterna, l’amateur de direction se réjouit de retrouver une sélection de captations de concerts immortalisées à Leipzig entre 1994 et 2001. La symphonie n°6 de Bruckner est une belle réussite, qui poursuit l’esprit des gravures studios par son côté implacable et granitique. On se réjouit de la superbe lecture fignolée et ciselée des superbes Variations sur un thème de Mozart de Max Reger ou une “pastorale” touchée par la magie que l’on espèrerait sans fin tant les climats sont beaux. L'album Schubert qui propose une lecture construite et concentrée de l’inachevée et une version pour orchestre de chambre du célèbre quatuor la Jeune fille et la mort, mérite une oreille pour sa saine musicalité, jamais surjouée ou démonstrative, et la sincère mélancolie de la direction d’Heinz Rögner.    

La lecture du Tombeau de Couperin de Maurice Ravel est un peu épaisse de trait pour des oreilles francophones même si le ton est juste et que les musiciens dialoguent dans un esprit chambriste, caressés par la baguette du chef. On peut aussi considérer comme documentaire l’interprétation d’un Américain à Paris, mais elle montre l’étendue du répertoire qui ne se limitait pas aux mêmes tubes du répertoire austro-allemand.   

Son : 8 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 8/10

Pierre-Jean Tribot

 

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