Hindemith, Kammermusik, acte 2 

par

Paul Hindemith (1895-1963) : Kammermusik n°4, Op.36 n°3 ; Kammermusik n°5, Op.36 n°4 ; Kammermusik n°6, Op.46, n°6 ; Kammermusik n°7, Op.46. n°2. Stephen Waarts, violon ; Timothy Ridout, alto ; Ziyu Shen, viole d’amour ; Christian Schmitt, orgue. Kronberg Academy Soloists ; Schleswig-Holstein Festival Orchestra, Christoph Eschenbach. 2019. Livret en allemand et anglais. 72’41’’. Ondine. ODE 1357-2.

Nous avions beaucoup apprécié le volume n°1 de cette nouvelle intégrale des Kammermusik de Paul Hindemith sous la férule de Christoph Eschenbach au pupitre de jeunes musiciens. 

Le volume n°2 poursuit cette première réussite avec les mêmes éléments, mélange de jeunesse et d’expérience. Dans la Kammermusik n°4 pour violon et orchestre de chambre, on retrouve avec plaisir le violoniste Stephen Waarts, lauréat des ICMA 2019. Sa sonorité claire et tranchante et sa technique hors pair sont taillées sur mesure pour cette oeuvre ciselée aux multiples facettes où tout apparaît comme chorégraphié au millimètre. L’altiste Timothy Ridout impose un ton grave à la Kammermusik n°6 qui semble jouer sur les contrastes de puissance. Mais cet orage instrumental est parsemé d’éclaircies comme le subtil second mouvement “langsam” illuminé par les échanges entre l’alto solo et des vents flottant en apesanteur. Altiste lui-même et connaisseur émérite de l’histoire de la musique, Hindemith offrit l’une de ses Kammermusik à la viole d’amour (n°6). En effet, le revival de la musique baroque au début du XXe siècle fit renaître un intérêt pour cet instrument. Il revient à la très jeune Ziyu Shen d’en restituer l’esprit et le ton avec talent. Inattendue dans cet aréopage concertant largement consacré aux cordes, l’orgue est l’invité de la conclusive Kammermusik n°7. La gouaille qu’Hindemith déploie à l’orchestre dans les mouvements rapides se marie à merveille avec les couleurs de l’orgue qui se fait ici léger et dialogue avec verve avec les pupitres de l’orchestre. Le mouvement central “Sehr Langsam” étonne par sa palette sombre de couleurs telle une toile expressioniste. Christian Schmitt n’est plus un jeune musicien en devenir mais cet organiste accompli fait valoir son expérience et sa maîtrise. 

Christoph Eschenbach, toujours à son affaire pour s’impliquer dans des projets avec des jeunes musiciens, dirige une joint-venture des cordes de la Kronberg Academy Soloists et des vents, cuivres et percussions du Schleswig-Holstein Festival Orchestra. Il sait autant les galvaniser que leur inculquer un sens de l’écoute et de la respiration commune. 

Le résultat est absolument magistral et ce deuxième volet s’impose également comme une référence dans la discographie de l’oeuvre. En ces temps de réflexions sur les programmations, ce projet éditorial est un modèle absolu par sa mise en valeur de jeunes musiciens et son exploration d’un pan du répertoire qui reste encore à sa marge. 

Son : 10 Livret : 9 Répertoire : 10 Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot 

 

   

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