La perfection au piano de Christoph Eschenbach
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto n°3 en do mineur, op.37 – Concerto n°5 en mi bémol majeur, op. 73 « Empereur »
Christoph Eschenbach, piano – Boston Symphony Orchestra, Seiji Ozawa, direction – London Symphony Orchestra, Hans Werner Henze, direction
1973-2014-SACD-78’28-Textes de présentation en anglais et allemand-Pentatone PTC 5186 201
Après les Concertos Brandebourgeois de Bach par le Los Angeles Philharmonic Orchestra, place à Beethoven et deux de ses grands concertos pour piano. Ebauché en 1800 et achevé en 1802, le Concerto n° 3 en do mineur partage l’affiche à Vienne avec la Symphonie n°2 et l’oratorio Le Christ au mont des oliviers. Premier vrai grand concerto pour piano tant l’équilibre entre le piano et l’orchestre se précise et la structure générale s’intensifie, l’œuvre est dédicacée au Prince Louis-Ferdinand de Prusse. En 1809, Beethoven s’aventure à nouveau dans un grand concerto. Alors qu’il accepte de sous-titrer son concerto « Grand concerto », on le connaît aujourd’hui davantage sous l’appellation « L’Empereur ». Commencé durant les préparatifs de la guerre en Autriche, l’ébauche du concerto est régulièrement interrompue par des évènements tragiques : bombardement, occupation de la ville… Pourtant, Beethoven, disposant de ressources matérielles grâce à l’Archiduc Rodolphe (à qui Beethoven dédie les deux derniers concertos), est particulièrement prolifique : Quatuor à cordes n°10, Sonate pour piano « Les Adieux »,… Créé à Leipzig en 1811, l’œuvre est mal comprise du public qui la juge « originale, faisant de l’effet, pleine de fantaisie », alors que personne ne perçoit le génie du compositeur. Beethoven n’a alors pas encore 40 ans.
C’est toujours un plaisir et un régal de retrouver Christoph Eschenbach au disque. Avant d’être chef d’orchestre, Eschenbach est un brillant pianiste, l’un des plus aboutis et brillants des dernières décennies. Doté d’un son mature, le jeu d’Eschenbach relève aisément le parcours harmonique tout en mettant en exergue motifs négligés. Sous la baguette de Seiji Ozawa et Hans Werner Henze, c’est toute la finesse d’une compréhension sans faille qui navigue jusqu’à l’oreille de l’auditeur. De la grandeur de l’Allegro du Cinquième à l’introspection en do mineur de l’Allegro con brio du troisième, l’auditeur reste sans voix devant une telle perfection du matériau orchestral dialoguant naturellement avec le piano. La palette expressive des Boston Symphony Orchestra et London Symphony Orchestra convient parfaitement à l’extrême sensibilité du pianiste. C’est aussi l’occasion de goûter à deux approches différentes du répertoire beethovenien par deux phalanges qui seront, plus tard, dirigées par le soliste. Si ce n’est déjà fait, voilà un enregistrement à écouter prioritairement. Le label Pentatone propose aussi une grande série d’enregistrements historiques remastérisés, de retour à la portée de chacun. Mendelssohn, Bruch/Abbado, Berlioz/Ozawa, Bizet/Bernstein, Wolf/Fischer-Dieskau, Richter…
Ayrton Desimpelaere
Son 10 – Livret 8 – Répertoire 10 – Interprétation 10