Il liuto di Galilei

par

Michelagnolo Galilei (1575-1631)
Il primo libro d’intavolatura di liuto
Vincenzo Galilei (v.1520-1591)
Alcun non può saper - Fantasia Terza - Calliope - Polymnia - Urania

Anthony Bailes - luth
2013 - 65'55'' - Livret trilingue : allemand, français, anglais de Frank Legl et Anthony Bailes - Ramée RAM 1306
Certes, le nom du célèbre physicien et astronome Galileo Galilei (1564-1642) est aujourd’hui connu de tous et chacun, notamment pour sa défense des théories héliocentriques de Copernic et son amélioration de la lunette d’observation astronomique. Toutefois, la richesse de l’apport de sa famille au répertoire musical dédié au luth est moins répandue. En effet, Michelagnolo Galilei, le frère de Galileo, et Vincenzo, son père, sont tous deux d’influents luthistes de la Renaissance tardive et du début du Baroque. Intellectuel phare de son temps, Vincenzo Galilei fréquente les artistes et penseurs illustres de la scène florentine d’alors, soit Pierre Paul Rubens, Orazio Vecchi ou encore Claudio Monteverdi. Il transmet son intérêt pour la musique à ses fils qui tous deux feront peu ou prou carrière en ce domaine. Un des uniques témoignages que nous conservons de l’oeuvre de Michelagnolo est son recueil de 1620 intitulé Il primo libro d’intavolatura di liuto, dédié au duc Maximilien Ier de Bavière. Cette dédicace n’a d’ailleurs rien d’anodin puisque la famille Galilei fut attachée pendant plus de trois générations à la famille des Wittelsbacher de la cour de Munich. D’abord le père, Vincenzo, pendant un court séjour (1578-1579), puis Michelagnolo, luthiste de la cour de Munich de 1607 à sa mort, puis son fils Alberto Cesare Galilei, qui lui succéda jusqu’en 1692. Ainsi, la famille Galilei se place comme figure centrale de l’interprétation et de la composition pour luth à une époque ou cet instrument était en vogue dans toute l’Europe.
L’influence du recueil de Michelagnolo est, bien entendu, essentiellement italienne. Néanmoins, nous pouvons y considérer plusieurs traces d’une influence musicale française. D’une part dans la facture instrumentale de luth qui, contrairement à l’utilisation des onze ou treize choeurs habituels, adopte le jeu à dix choeurs. D’autre part dans la notation qui reprend les techniques de la tablature à la française. De fait, l’école française de luth, notamment sous l’impulsion de René Mesangeau, est à l’époque des Galilei en pleine émergence et connaît un vaste rayonnement. Selon le luthiste Anthony Bailes, le recueil de Michelagnolo Galilei reflète un certain air français. Ce sont ces diverses raisons qui ont motivé le choix de Bailes pour un luth de type français pour interpréter la musique de Michelagnolo. En outre, les compositions de ce dernier présentent plusieurs dissonances, en accord avec la mode de son temps, sans jamais toutefois appuyer celles-ci à outrance. En effet, ce jeu de tensions avec les dissonances est plus délicat dans sa musique que chez certains de ses contemporains, tels Michelangelo Rossi ou Giovanni Girolamo Kapsperger. C’est dans les choix d’interprétation de ces dissonances que Bailes se démarque de son prédécesseur, et interprète phare de ce recueil pour luth, Paul Beier. Le jeu de Bailes convient parfaitement à l’esprit sobre, solennel et élégant de cette musique. Certains trouveront que la respiration de l’interprète apporte un sentiment personnel à l’enregistrement. En mon sens, cela n’apporte rien d’intéressant et il aurait peut-être mieux valu éviter de lui laisser une telle place.
Hubert Bolduc-Cloutier

Son 7 - Livret 10 - Répertoire 8.5 - Interprétation 8

 

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