En confidence avec Dowland

par

John DOWLAND (1563-1626)
Œuvres pour luth
Paul O’Dette (luth)
2014 – DDD - 75’23’’ - Textes de présentation en anglais, français, allemand - Harmonia Mundi (HMU 907515)

Nous ne présentons plus le luthiste Paul O’Dette, considéré comme « le génie incontestable de son instrument » (Toronto Globe and Mail). Il fait autorité pour la musique de John Dowland, qu’il interprète et enregistre depuis plus de quarante ans. Dans les années 1990, il avait eu le privilège d’enregistrer l’œuvre complète pour luth du compositeur, sous le label Harmonia Mundi. Ses nombreuses recherches lui ont permis de connaître mieux que quiconque le compositeur et sa musique.
Par cette compilation, Paul O’Dette livre aux auditeurs un choix très subjectif et personnel de pièces sans prétention. Celui qui peut être considéré comme le meilleur connaisseur de cette musique n’a en effet pas voulu enregistrer un best-off, et il le revendique, mais bien nous faire (re)découvrir des pièces qui le touchent particulièrement, par une interprétation spirituelle. Le résultat en est un enregistrement tout à fait réussi, adressé tant aux mélomanes passionnés de musique élisabéthaine ou pour luth, qu’aux non initiés, qui pourront apprécier ce répertoire. En effet, si l’album rassemble des pièces peu connues, certains autres sont régulièrement interprétées, comme le Lachrimae (P 15, pl. 9). Paul O’Dette porte une réflexion poussée sur les œuvres qu’il a le plus jouées, mais nous fait aussi voyager des pièces mélancoliques aux danses joyeuses et aux portraits éclairés. Par les gaillardes The King of Denmark (P 40, pl. 7) et The Most Sacred Queen Elizabeth (P 41, pl. 22), il nous livre une image toute ironique de ces personnages. Enfin, l’interprétation et les choix de Paul O’Dette donnent un merveilleux reflet de l’esprit de John Dowland, qui à l’instar de ses contemporains, ne composaient pas des œuvres à haute prouesse technique entrainant des contorsions gauches, mais mettaient à l’honneur la ligne mélodique. Si la technique n’en est pas pour autant aisée, le luthiste parvient à nous faire profiter de la cohérence et de la continuité du discours musical de ces compositions. L’on ne peut que regretter la traduction française quelque peu bancale du livret, pourtant riche en informations tant sur la musique de Dowland, que sur les choix de Paul O’Dette et son interprétation : il joue sur un luth plus grand dont la gravitas permet de rendre la noblesse que lui inspire les pièces de Dowland.
Félicie Lécrivain

Son 9 – Livret 8 – Répertoire  9 – Interprétation 10

 

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