Klaus Ospald, les scansions du temps

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Klaus Ospald (né en 1956) : Más raíz, menos criaturaQuintett von den entlegenen Feldern. Singer Pur ; Markus Bellheim, piano ; Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks,  Peter Rundel ; Ensemble Experimental SWR Experimentalstudio, Peter Tilling. 2019. Livret en anglais et allemand. 82’48’’. BR 900642

Bien qu’il soit présenté comme l’une des plus éminentes figures de la scène allemande, le compositeur Klaus Ospald nous était, jusqu’à la réception de cet album, complètement inconnu.

Né à Münster en 1956, il a étudié la composition à la Hochschule für Musik Detmold et à la Hochschule für Musik de Würzburg. En 1985, il obtient une bourse à la Cité internationale des arts, à Paris, et le premier prix de composition de la ville de Stuttgart en 1987. La même année, il poursuit ses études avec Helmut Lachenmann qui exerce une grande influence sur le jeune homme. Sa musique est jouée par les artistes spécialisés comme l’Ensemble Contrechamps, l'Ensemble Modern, MusikFabrik, Collegium Novum Zürich et le Quatuor Arditti. Klaus Ospald partage son temps entre la composition et l’enseignement, entre autre à la Hochschule für Musik de Würzburg.

Más raíz, menos criatura est la pièce maîtresse de cet album même si elle se mérite et ne s'apprécie qu'au fil des auditions successives. D’une dimension presque mahlérienne de plus de 50 minutes, en dix parties, cette partition convoque un très grand orchestre en tutti, un piano solo et un chœur de chambre de 8 voix. L'œuvre est inspirée du poème El niño yuntero, menos criatura du poète espagnol Miguel Hernández Gilabert, héros et martyr républicain de la Guerre d’Espagne. On est dans une tradition d’art musical engagé si cher à une certaine génération de compositeurs allemands. Indéniablement, Klaus Ospald possède un grand savoir-faire dans la composition pour ces grandes masses instrumentales. Le chœur forme une sorte de narrateur antique épisodique qui scande le texte à différents moments de la partition. La musique témoigne d’une richesse de timbre et d’une virtuosité de la nuance. Malgré un instrumentarium conséquent, la puissance des pupitres n’est jamais convoquée de manière démesurée. Tout fusionne dans une économie de moyens qui impose un climat sombre et tendu des temps ombrageux. La redoutable partition de piano solo est héroïque et elle fait vivre par ses élans et ses rebonds les moments de cette tragédie musicale. Le pianiste Markus Bellheim est excellent, il est magistralement secondé par le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks qui offre toute sa virtuosité et sa palette de timbres sous la direction ciselée et précise de Peter Rundel. 

Changement de registre avec Quintett von den entlegenen Feldern pour trio à cordes, clarinette, piano et électronique. On reste malgré tout dans une dynamique du temps long avec un échange musical d’une belle demie-heure. On apprécie la fluidité d’un propos et la linéarité des timbres, même si le ton est un peu plus convenu et moins original que dans Más raíz, menos criatura

Cet album permet de découvrir l’art de ce compositeur, ancré dans la notion de modernité. La qualité des interprètes témoigne encore et toujours de la haute valeur musicale de la scène contemporaine allemande. 

Son : 10  Notice : 10  Répertoire : 8  Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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