Première réussie pour Aziz Shokhakimov à la tête de l’OPS dans un programme Tchaïkovski de toute beauté   

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Pyotr Ilyich Tchaïkovski (1840–1893) :  Symphonie n°5 en mi mineur  Op.64 ; Roméo et Juliette, Ouverture fantaisie  TH 42c.  Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction :  Aziz Shokhakimov. 2022. Livret en anglais, français et allemand. Warner Classics. 5054197538513

L’Orchestre Philharmonique de Strasbourg au vingt et unième siècle est presque la légende russe de l’oiseau de feu. L’histoire d’une renaissance, d’une flamboyance retrouvée. Et pourtant la quête fut longue. Moribonde après le départ d’Alain Lombard dans les années 80, la formation alsacienne était la belle endormie de la scène musicale française jusqu’à l’arrivée de Marc Albrecht, symbole de renouveau et d’un retour au premier plan national. Héritage qu’a su faire fructifier Marko Letonja. On ne compte plus les enregistrements à succès avec John Nelson notamment. Qui aurait pu croire cela il y a encore deux décennies ? On guette chaque nouvelle sortie de l’OPS ! Pour sa première au disque avec les Strasbourgeois, Aziz Shokhakimov ne pouvait pas rêver mieux. 

Après un Letton maintenant un Ouzbek ! « Shokh’ » est le symbole vivant de ce renouveau, de ce vent d’ouverture qui souffle sur la capitale européenne. Du haut de ses 35 ans, il incarne cette nouvelle musique mondialisée en provenance de ces territoires lointains mais riches en talents. Tout ceci a du sens quand on connaît la vocation et l’histoire de la ville. Les esprits chagrins objecteront qu’il est plus simple pour nos chères municipalités (surtout ces derniers temps) de s’accommoder d’un directeur musical étranger que d’un chef tricolore avec tout cela comporte y compris sur un plan politique. 

Pour en revenir à la seule musique, le disque proposé provient d’une captation réalisée au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg en octobre 2022 avec Tchaïkovski au menu : la Cinquième Symphonie et l’ouverture fantaisie « Roméo et Juliette ». Shokhakimov était déjà dans ses murs depuis près d’un an et cela se ressent. Il y a déjà un sentiment d’unité entre le chef et ses troupes. Tout ce petit monde empoigne la Cinquième avec une énergie bienvenue. L’Adagio-Allegro sont habités par une rare ferveur teintée de lyrisme. Le drame qui se joue est tout en nuances et en contrastes. Le Finale impressionne par sa force et sa conviction. C’est le grand moment de bravoure, une ligne droite épique. 

Dans Roméo Et Juliette, on ne peut qu’admirer la qualité de l’orchestre et la justesse de la direction. Cette pièce vient conclure un disque d’une grande valeur. Un beau succès pour l’OPS qui confirme sa place au soleil et son statut de formation parmi les plus « hypées » de l’hexagone.   

Son : 10  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 9

Bertrand Balmitgère

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