Kotaro Fukuma : consolation et espoir
Frédéric CHOPIN (1810 - 1849)£24 Préludes Op. 28 – Berceuse Op. 57 – Contredanse B.17 – Sonate n°3 Op. 58 Kotaro Fukuma, piano 2017-SACD-75’47-Textes de présentation en allemand, anglais et français-Ars Produktion-ARS38237
Kotaro Fukuma fait partie de cette génération de pianistes en devenir et à découvrir. S’attaquant probablement à l’un des compositeurs les plus enregistrés, le jeune pianiste se risque à un regard quasi chirurgical de la part tant de l’auditeur que de la critique. Mais la qualité interprétative étant au rendez-vous, il n’a pas de soucis à se faire. Né à Tokyo, Fukuma remporte le 1er Prix du Concours International de piano de Cleveland ainsi que le Prix Chopin. Grâce à cette reconnaissance, il parcourt le monde entier et les salles les plus prestigieuses : Carnegie Hall, Lincoln Center, Philharmonie et Konzerthaus de Berlin, Victoria Hall ou encore le Suntory Hall de Tokyo. Fukuma a souhaité placer ici de part et d’autre deux œuvres « monumentales dont chacune représente un cycle de vie. ». Au centre, deux œuvres plus courtes : « la Berceuse, qui fait suite à la fougue dévastatrice du dernier Prélude en ré mineur et suggère comme une ascension au paradis ; et la Contredanse qui ouvre à une vie nouvelle et précède la Sonate en si mineur qui se termine sur une coda triomphale en si majeur ». Dans les 24 Préludes, c’est avant tout la finesse du toucher qu’il faut saluer. Les coloris et les atmosphères sont toujours conçus avec intelligence. On se laisse bercer par les pages tendres tandis que les endiablées nous donnent à découvrir le caractère fougueux de l’artiste. Tout est contrôlé, maîtrisé et propre, et pour avoir déjà entendu ce pianiste en condition live, la proposition faite ici est vraiment le fruit d’une réflexion. Dans la Berceuse, douceur, poésie et simplicité sont au rendez-vous. La Contredanse, moins connue, allie subtilement élégance, délicatesse et galanterie. Enfin, la Sonate, sans doute la plus complexe des trois, se voit dotée d’une vraie veine inspiratrice qui traverse les différents mouvements. C’est surtout ici que l’on perçoit l’intelligence du pianiste (même si l’agencement des 24 Préludes demande aussi une longue réflexion) et la proposition ne déçoit pas. Un premier mouvement de belle facture, surtout pour la construction. Difficile qu’est la compréhension de ce long mouvement où Fukuma parvient justement à déceler la trame dramatique pour y donner une direction limpide. Le Scherzo est construit avec ce qu’il faut de virtuosité, le troisième profond, timbré et un Finale virevoltant et explosif pour bien conclure. Une tête bien faîte donc, en attestent les derniers mots du pianiste : « […], et j’espère sincèrement que cet album apportera aux auditeurs une forme de consolation et de nouvel espoir dans la vie ». Bravo ! Ayrton Desimpelaere
Son 10 – Livret 10 – Répertoire 9 – Interprétation 9
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