La finesse et l’intelligence de Jérôme Hantaï dans Mozart et Haydn

par

Wolfgang  Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonates pour piano N° 12, K. 332; N°4, K. 282 ; Joseph Haydn (1732-1809) : Sonates pour piano N° 36 Hob. XVI:21; N° 44 Hob. XVI:29; N° 51 Hob. XVI:38 . Jérôme Hantaï (pianoforte). 2019-DDD-73’18-Textes de présentation en français, allemand et anglais- Mirare MIR 456

C’est à un vrai festival d’intelligence, de finesse, de musicalité et de virtuosité si accomplie qu’on finit par ne plus y prêter attention que nous convie Jérôme Hantaï dans ce récital dont les mérites sont également partagés entre les compositeurs, le brillant interprète plein d’esprit et de sensibilité, et -ce qui sera une révélation pour ceux qui ont l’habitude d’entendre ce répertoire exécuté sur nos pianos de concert modernes- un magnifique pianoforte allemand de la fin du XVIIIe siècle dû à un facteur malheureusement resté anonyme. Remarquablement restauré, c’est cet instrument qui -comme l’explique le fortepianiste dans la notice- a inspiré le choix des oeuvres figurant sur le présent enregistrement.

Avant même de se concentrer sur les vertus de l’interprétation, l’oreille est directement attirée par la richesse des timbres de ce bel instrument dont l’aigu, magnifiquement argenté, semble encore se souvenir du clavecin. On remarque aussi la dynamique et la longueur de son plus réduite que celle du piano moderne (ce qui requiert d’accorder une attention particulière à l’articulation), le caractère plus percussif de l’instrument, et des registres plus différenciés que dans le cas des pianos d’aujourd'hui. 

Se produisant dans un répertoire contemporain de l’instrument, Jérôme Hantaï est le meilleur guide qu’on aurait pu souhaiter dans ces belles oeuvres de Mozart et de Haydn. Dès la grande Sonate en fa majeur, K. 332 de Mozart, il convainc sans peine par son sens du discours -traduit par une articulation impeccable et pleine- autant que par sa technique impeccable -trilles, ornements, virtuosité aisée dans les passages les plus périlleux- qui n’est heureusement jamais une fin en soi. Il sait aussi bien faire ressortir le côté doux-amer de Mozart, que l’humanité et l’imagination sans fin de ces sonates de Haydn qui ne sont pas parmi les plus connues. Et, après avoir parfaitement maîtrisé l’écriture très ornée du Moderato initial la Sonate N° 44 de Haydn, il fait preuve d’esprit et d’imagination dans certains épisodes quasi scarlattiens du Tempo de Menuet qui conclut l’oeuvre. 

Toutes les interprétations offertes ici frisent la perfection: le bon goût, la subtilité et l’intelligence toujours en éveil de Jérôme Hantaï font forte impression, tout comme cette modestie vraie qui est le propre des grands artistes. Un disque à connaître.

Son  10- Livret  10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

Patrice Lieberman

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