La poésie de Schumann par Philippe Bianconi

par

0126_JOKERRobert Schumann
(1810 - 1856)
Papillons op.2 – Carnaval op.9 – Davidsbündlertänze op.6
Philippe Bianconi, piano
2016-DDD-77’51-textes de présentation en anglais, français, allemand et chinois-La Dolce Volta-LDV28

Rares sont les enregistrements du label La Dolce Volta (Harmonia Mundi) à ne pas obtenir nos suffrages. A nouveau, la présente parution consacrée à trois œuvres majeures de Schumann par le pianiste Philippe Bianconi est à placer sans conteste dans toutes les discothèques. Le plus de ce label réside dans la confection d’un livret allant au-delà de la simple présentation des œuvres, qui se veut davantage comme une rencontre avec l’artiste, permettant ainsi de rentrer dans sa réflexion et de mieux appréhender d’éventuels choix interprétatifs. La relation entre l’œuvre de Schumann et Philippe Bianconi date de ses années d’études au Conservatoire de Nice. C’est par l’intermédiaire de son professeur et le Carnaval que le pianiste plonge dans le monde poétique de Schumann. Peu réceptif à ce répertoire, préférant entre autres l’énergie des Ballades de Chopin, la première approche de ce Carnaval restera mitigée quelques années. Comme pour beaucoup de pianistes, le virus de l’unique Concerto pour piano de Schumann, que Bianconi joue avec l’Orchestre de Nice après l’obtention de son Premier Prix, provoque chez lui une révélation qui le poussera à aborder le reste du répertoire schumannien (piano et voix).
D’un point de vue interprétatif, si cet enregistrement semble être le fruit d’une « nécessité intérieure », il est aussi le résultat d’une longue réflexion. A ses débuts, Bianconi avoue bien volontiers avoir exécuté ce répertoire de manière instinctive avant de toucher au plus profond de ce squelette par le biais d’ouvrages littéraires, musicologiques et la correspondance. Cette approche historiquement informée, Philippe Bianconi la transpose avec intelligence dans sa manière de concevoir le matériau. Tant dans la variété des climats, parfois déroutants dans certains enchaînements, que dans la coloration et les sonorités, le pianiste offre un Schumann des plus juste et bouleversant. S’agissant de pièces relativement courtes, le premier défi est de parvenir à les réunir et à ne faire qu’un, pari réussi haut la main. Un jeu vivant, lyrique sans en faire trop, empli d’humilité, qui à plusieurs reprises s’oriente vers la fraîcheur et même la naïveté. Cette maturité se conjugue naturellement à la délicatesse du toucher et à la finesse du matériau pour un piano élégant et un jeu de pédales dosé. A travers le clavier, Bianconi communique un jeu sensible, phrasé, dont les articulations ne font jamais défaut. Un Schumann de première classe.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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