Lang Lang au Grimaldi Forum de Monte-Carlo
Ce récital de la star mondiale Lang Lang ne fait pas partie de la programmation des institutions musicales monégasques, il s’agit d’un concert proposé par une société de production qui organise des tournées d’artistes comme Elton John ou David Hallyday. Le Grimaldi Forum et ses 1800 places ont été loués à cet effet. D’emblée le ton est donné !
En dépit d’un prix des places très élevé, la salle de concert était complète pour ce programme très classique avec les Variations Goldberg de Bach telle une tournée de promotion mondiale consacrée à son dernier album pour DGG qui propose ce même cycle.
Avec 20 ans de carrière, Lang Lang se sent assez mature pour se lancer à l’assaut de ce qui constitue l’Everest de la musique classique : Jean-Sébastien Bach. En programmant les Variations Goldberg, il met à jour un travail qui lui a pris près de 27 ans pour en livrer une version lente, presque mystique, qui s’approche comme une promenade intérieure.
Comme pour son enregistrement, Lang Lang joue l'Arabesque de Schumann "en lever de rideau" car le pianiste trouve cette pièce idéale juste avant les Variations Goldberg, Schumann étant un fervent admirateur de Bach.
Il s’attaque ensuite aux Goldberg qui durent presque une heure et demie chez lui, alors que la plupart des pianistes les jouent en une heure. L'explication : c'est en fait une espèce de nouvelle création avec des ornements originaux. Il joue les variations lentes de manière extrêmement lente.
L'interprétation de Lang Lang est totalement différente de ce qu'on a l'habitude d'entendre. Il faut oublier Glenn Gould et son approche presque "mathématique" et la version magnifique de Murray Perahia, heureusement gravée pour l'éternité.
Mais d'une manière générale, on fait un peu tort à Lang Lang par rapport à son côté showman, qu'il a incontestablement dans la façon de se présenter, mais qui n'enlève rien à sa prestation musicale. En d'autres termes, le show est en plus, mais pas à la place de sa prestation.
Monte-Carlo, Grimaldi Forum, 21 octobre 2021
Carlo Schreiber
Crédits photographiques : Neale Haynes