Le BNO au Namur Concert Hall avec Kazuki Yamada et Camille Thomas

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Ce samedi 10 décembre a lieu le concert du Belgian National Orchestra au Namur Concert Hall. L’orchestre est placé sous la direction du chef d’orchestre japonais Kazuki Yamada. Il est actuellement le directeur artistique et musical de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et sera le chef d’orchestre principal et conseiller artistique du City of Birmingham Symphony Orchestra à compter d'avril 2023. La violoncelliste franco-belge Camille Thomas est la soliste du soir. Régulièrement invitée dans les plus grandes salles et collaborant avec des chefs et orchestres renommés, elle signe en 2017 un contrat international d’artiste exclusif chez Deutsche Grammophon, devenant la première femme violoncelliste à signer pour la prestigieuse maison de disques.

Au programme de cette soirée, Along the Shores of Lorn de Luc Brewaeys, Cello Symphony de Benjamin Britten et Petrouchka dans la version originale de 1911 d’Igor Stravinsky.

Ces trois compositeurs ont été choisis parce qu’ils sont d’illustres membres de l’Académie Royale de Belgique qui fête cette année son 250e anniversaire.

Along the Shores of Lorn est composé en 2005 par le compositeur belge Luc Brewaeys à la demande du Symfonieorkest Vlaanderen. Cette musique d’effets est dirigée avec précision par le chef japonais. Même si aucune mélodie ne ressort réellement, de multiples effets sont mis en application par les musiciens du BNO. Notons par exemple que les deux clarinettistes ont quitté un instant la scène pour aller jouer au-dessus de deux timbales, chacune étant disposée dans un coin arrière de la scène. Plus tard, un duo de trompettes avec sourdines se fera également sur les côtés de la scène. Les parties de percussion sont également importantes. En effet, à l’aide de leurs nombreux instruments et tous les effets possibles avec ceux-ci, ils nous ont fait voyager. Nous sommes par exemple arrivés sur une île avec le bruit des vagues s’échouant sur la plage. Tout comme au début, cette pièce se termine sur un roulement de grosse caisse.

Benjamin Britten compose la Cello Symphony en 1963 à la demande de son ami violoncelliste Mstislav Rostropovich. Cette œuvre peu jouée ne fait pas partie des compositions les plus célèbres du Britannique mais n’en reste pas moins intéressante. Elle est constituée de quatre mouvements. Le premier de ceux-ci, Allegro maestoso, voit la soliste entrer avec franchise dès les premières mesures. S’installe alors un climat mystérieux, quasi anxiogène, qui ne nous quittera pas dans cette première partie de l’œuvre. Dans le deuxième mouvement, Presto inquieto, Camille Thomas fait preuve d’une grande virtuosité et est accompagnée par de nombreux effets et courtes mélodies surgissant de l’orchestre. Tout au long du troisième mouvement, Adagio - cadenza ad lib, la part belle est faite au violoncelle qui a droit à sa cadence. La soliste s’y attèle avec beaucoup d’engagement. Contrastes, caractère, justesse, tout y est. Notons tout de même l’importance des timbales dans ce mouvement. Le timbalier Nico Schoeters assure d’ailleurs cette partie avec précision. Le dernier mouvement, Passacaglia - Andante allegro, allie moments virtuoses de Camille Thomas, grands tutti (où malheureusement nous perdons quelque peu la soliste dans la masse sonore de l’orchestre) mais aussi des moments suspendus. En effet, nous avons parfois l’impression d’assister à de la musique de chambre entre le violoncelle, la flûte, la clarinette, le cor ou encore la trompette. Kazuki Yamada maîtrise admirablement la partition et sait guider l’orchestre dans cette œuvre peu connue de Britten. Le public applaudit chaleureusement cette performance et se voit gratifié d’un bis de la soliste accompagnée par l’orchestre. Cette pièce du compositeur ukrainien Miroslav Skoryk, s’intitule Melody et est un moment d’émotion et de douceur absolue.

Après la pause, place au célèbre ballet de Stravinsky : Petrouchka dans sa version originale pour grand orchestre de 1911. Cette pièce en quatre tableaux a ravi un public enthousiaste et amusé par l'interprétation de cette œuvre-phare du répertoire symphonique. Une belle énergie est présente du début à la fin. L’harmonie, par ses différentes interventions solistes, montre une fois de plus sa grande qualité. L’orchestre est admirablement soutenu et guidé par le chef du soir connaissant parfaitement sa partition et prenant surtout beaucoup de plaisir à la diriger et transmettre son énergie aux musiciens. De vifs applaudissements et plusieurs bravos fusent dès la fin de la prestation. 

Namur,Concert Hall (Grand Manège), le 10 décembre 2022

Thimothée Grandjean, Reporter de l’Imep

Crédits photographiques : Kazuki YAMADA © J-C Vinaj

 

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