Le désert de Baudouin de Jaer sur un livret de Stéphane Arcas
Ce jeudi 13 avril, le public du Namur Concert Hall a pu assister à la création de l'œuvre Le désert de Baudouin de Jaer, sur un livret de Stéphane Arcas, également à la mise en scène et à la scénographie. Deuxième acte d’un opéra en triptyque dont chaque partie peut être interprétée séparément, Le désert est la dernière section de l'œuvre à être créée, après La forêt et L’argent. Il aura fallu douze ans au compositeur belge pour arriver au bout de son projet.
Ni une pièce de théâtre, ni totalement un opéra, l'œuvre de Baudouin de Jaer allie un jeu théâtral très développé, un chant principalement monocorde à la limite du récitatif et un accompagnement musical tantôt fourni, tantôt fort réduit. Le texte de Stéphane Arcas est plutôt déroutant, passant d’un sujet à l’autre assez brusquement. Il est divisé en trois grandes parties : une déclaration d’amour, une scène de guerre dans le désert et la vie amoureuse de deux personnes dans une banlieue. Souvent drôle, toujours déconcertant, quelques passages laissent entrevoir la réflexion profonde derrière cette abondance d’informations diverses.
Très bien interprété par l’ensemble Besides sous la direction de Diego Borrello, l’accompagnement musical voyage d’une époque à l’autre. Tantôt plus “classique”, avec notamment une passacaille pour débuter l'œuvre, tantôt plus contemporaine avec, par exemple, l’utilisation de sons électroniques, la musique est beaucoup moins présente que d’ordinaire. L’effectif instrumental sort lui aussi des sentiers battus, avec une flûte, un saxophone, une guitare électrique et une acoustique, une harpe, diverses percussions, un clavier, les sons électroniques, un violon et un violoncelle.
Bien que l'œuvre soit globalement très déstabilisante, force est de constater que l’énergie déployée par les différents acteurs est très forte. Le récitatif de Sarah Brahy, fil rouge d’un bout à l’autre de l'œuvre, est envoûtant et nous plonge dans certaines scènes comme dans un film. Il faut aussi saluer le très bon jeu théâtral du ténor Kenny Ferreira, de la mezzo-soprano Aveline Monnoyer et de la soprano Mathilde Thomassin. Tous trois ont joué leur rôle à la perfection et ont parfaitement interprété l'œuvre, qui ne semble pas des plus faciles.
Baudouin de Jaer a insisté, lors d’une conférence avant le début du spectacle, sur le but pédagogique de son projet. Il a notamment collaboré avec la Classe Prépa Théâtre de Namur qui forme en un an des jeunes de 17 à 26 ans. Quatre d’entre eux ont joué le rôle du chœur et des figurants lors de la représentation. Bien qu’aucun ne soit chanteur de formation, ils ont livré une bonne prestation.
Akex Quitin, Reporter de l’IMEP
Namur, Concert Hall, le 13 avril 2023
Crédits photographiques : Namur Concert Hall