Dans la revue espagnole Scherzo, Stefano Russomanno attire l'attention du mélomane sur un concert particulier qui prendra place dans le Dôme de Milan ce 24 septembre.
Nous lui laissons la parole :
Dans les années '70, nous rappelle-t-il, alors que Riccardo Chailly faisait ses premiers pas de chef d'orchestre et faisait déjà montre de son talent, il était d'usage en Italie de l'appeler "le fils de Luciano". A cette époque, Luciano Chailly était un compositeur d'un prestige remarquable, occupant des postes importants dans d'importantes institutions lyriques. Mais le temps passe pour tout le monde et maintenant, si quelqu'un parle de Luciano Chailly, on l'appelle souvent "le père de Riccardo".
L'époque actuelle n'est pas généreuse avec l'héritage artistique de Luciano Chailly, pratiquement absent des programmes. C'est pour cette raison que le 24 septembre, dans le Dôme de Milan, le Chœur et l'Orchestre du Teatro alla Scala offriront une de ses œuvres : la Missa Papae Pauli, une œuvre de 1964 dédiée à Paul VI (mais la version orchestrale est de 1966).
Avec, on l'a compris, Riccardo Chailly à la direction. Le programme sera complété par la 4e Symphonie de Beethoven.
Né à Ferrare en 1920, Luciano Chailly étudie au Conservatoire de Milan puis à Salzbourg avec Paul Hindemith. D'Hindemith, il a toujours gardé la solidité contrapuntique de l'écriture qu'il mettait au service d'un langage éclectique dans lequel le néoclassicisme et le sérialisme stravinskien pouvaient coexister dans un discours qui évoluait vers des postures atonales. Auteur d'un catalogue important (et imposant), Luciano Chailly offre peut-être le meilleur de lui-même dans le domaine théâtral avec des titres souvent dominés par des atmosphères oniriques et surréalistes. Parmi eux, l'opéra L'idiota (1970, d'après le roman de Dostoïevski et peut-être sa partition la plus réussie) et Sogno (1974). Mais sa présence dans la vie musicale italienne se mesure aussi aux postes de directeur artistique qu'il occupe à la tête de la Scala (1968-71), de l'Angelicum de Milan (73-75), des Arènes de Vérone (1975-76) et de l'Opéra de Gènes (1983-85). Ensuite, et jusqu'à son décès en 2002, il se consacre principalement à l'enseignement de la composition dans différents conservatoires italiens.