Le Klara Festival séduit au-delà des espérances

par
Yannick Nézet-Seghin

L’affiche du Klara Festival était décidément, une fois encore, très attrayante. Le festival s’est clôturé vendredi soir à Bozar, au terme d’une soirée très réussie.Pour la dernière soirée de son festival annuel, la radio flamande avait choisi des invités de marque. Le Rotterdams Philharmonisch Orkest proposait un programme de musique composée en Amérique, sous la direction de son directeur musical, Yannick Nézet-Séguin qui fêtera l’année prochaine ses dix ans passés à la tête de l’orchestre néerlandais. Après la suite symphonique composée en 1955 sur base de la musique du film On the waterfront d’Elia Kazan, l’orchestre accueillait au piano Khatia Buniatishvili dans l’œuvre la plus emblématique de George Gershwin, Rhapsody in blue. La pianiste géorgienne, peu conventionnelle, a séduit par son approche très personnelle de cette œuvre concertante pleine de groove ; longuement acclamée par l’assemblée, elle nous offrit un Clair de lune de Debussy, véritable moment de douceur. Après la pause, l’orchestre interprétait encore les Danses symphoniques op. 45 que Sergueï Rachmaninov écrivit en 1940 (lui et sa famille avaient émigré aux Etats-Unis en 1918) : il s’agit de la dernière œuvre que le compositeur russe laissa achevée. L’orchestre, qui fêtera son centenaire en 2018, nous a conquis, magnifiquement emmené par Yannick Nézet-Séguin, bouillonnant d’enthousiasme ; nous saluerons en particulier l’excellent travail des cordes, à tout moment pleines d’énergie et offrant un son d’ensemble très soigné. Nous serons très heureux de les retrouver au même endroit pour l’édition 2018, dans la Huitième symphonie de Gustav Mahler, la symphonie « des mille ».

Alan Gilbert
© Chris Lee.

Avant cela, jeudi soir, les mélomanes d’Anvers étaient gâtés eux-aussi : le célébrissime New-York Philharmonic débutait son European Tour 2017 dans la Koningin Elisabethzaal, sous la direction d’Alan Gilbert qui profite de ses dernières semaines à la tête de l’orchestre américain, avant de rendre la baguette à Jaap van Zweden la saison prochaine. Ils interprétèrent d’abord les Chairman Dances, pièce de John Adams qui servit de base à la composition du troisième acte de son opéra Nixon in China : les excellents percussionnistes de l’orchestre y eurent un rôle prépondérant. Ensuite, ils furent rejoints par le violoniste allemand Frank Peter Zimmermann pour le Premier concerto pour violon en ré majeur op. 19 de Sergei Prokofiev, œuvre surprenante et très caractéristique du langage musical du compositeur russe. Enfin, le New-York Philharmonic put mettre en avant toutes ses qualités dans la Symphonie fantastique op. 14 d’Hector Berlioz. L’orchestre, mené par un chef aussi charismatique que compétent y a démontré une précision qui n’est propre qu’aux plus grands orchestres du monde ; il est toujours bel et bien l’un des plus emblématiques du Nouveau Monde.
Alors que l’édition 2017 s’est à peine achevée, le Klara Festival a déjà dévoilé une partie de sa programmation 2018 (le festival aura lieu du 9 au 30 mars) : outre le Rotterdam Philharmonisch Orkest, le Houston Symphony, Boris Giltburg, l’Orchestre de Paris, le Concertgebouworkest d’Amsterdam, le Danish National Orchestre et l’Ensemble Intercontemporain sont déjà à l’affiche. Rendez-vous l’année prochaine.
Guillaume Knop, reporter de l’Imep
Klara Festival 2017, le 23 mars 2017 à la Koningin Elisabethzaal (Anvers), le 24 mars à Bozar (Bruxelles)

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.